80 km/h : une bonne nouvelle pour les territoires
On a le droit, pour une fois, de ne pas être d’accord avec 80% des français. La réduction de la vitesse sur les routes est une bonne nouvelle. Bien sûr pour la mortalité sur la route mais surtout pour d’autres raisons qui ont malheureusement été omises dans la communication gouvernementale.
Tout d’abord, c’est une bonne nouvelle pour l’environnement. Les voitures particulières sont responsables d’une part importante des émissions de Gaz à Effet de Serre. Il est nécessaire d’agir vite si nous souhaitons espérer s’approcher des objectifs que nous avons signé lors de l’accord de Paris. Nous en sommes bien loin. Toute mesure allant dans ce sens ne peut alors qu’être une bonne nouvelle pour la planète. Nous ne le disons pas assez fort.
Mais la réduction de la vitesse aura d’autres impacts. L’étalement urbain est une cause de l’inefficacité de la logistique urbaine. Tous les 10 ans, nous « consommons » en urbanisation l’équivalent d’un département. Les centres-villes se vident de leurs activités, de leurs habitants et deviennent alors une cause nationale. L’étalement urbain est notamment lié à la facilité des transports. Toute contrainte, que ce soit le coût de l’essence, la limitation de vitesse, aura des effets sur le mode de vie. Habiter loin de son lieu de travail n’est pas toujours, comme on l’entend trop souvent, imposé par le coût de l’immobilier. Il s’agit souvent d’un choix individuel d’habitat pavillonnaire, loin des centres villes. Pendant des décennies, tout a été fait pour favoriser ce modèle : routes gratuites, essence bon marché, terrains abordables dans les périphéries lointaines, faciliter d’urbaniser les terres agricoles, peu de contraintes routières sauf les embouteillages.
Rendre la ville plus adaptée à notre siècle, c’est la densifier et freiner l’étalement urbain. C’est préserver les terres agricoles. C’est donc inciter les habitants à modifier leur mode de vie. Cela peut passer par des mesures fiscales pénalisant les périphéries au profit des centres villes. Cela peut passer par une essence plus chère, des péages. Réduire la vitesse est aussi un moyen d’inciter les habitants à adapter leur mode de vie à leur siècle.
L’étalement urbain est une des causes de l’inefficacité de la livraison des marchandises. Les agglomérations sont de plus en plus étalées, avec comme impact des tournées de livraisons de plus en plus longues. Recentrer la ville sur son centre et sa très proche périphérie est une nécessité. Réduire la vitesse permettra alors à nombre de personnes de se poser la question de la valeur du temps. Faut-il vivre plus loin pour quelques m² de plus ou se rapprocher des activités et vivre dans quelques m² de moins ? Ce sont des questions essentielles que se poseront bientôt nombre de personnes.
On peut alors souhaiter que le gouvernement continue sur cette lancée et adopte une mesure équivalente sur les autoroutes : 110 km/h serait une autre bonne mesure !
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