Sommet d’Agadir, salon e-commerce Paris : l’Afrique à l’honneur
La récente étude de l’INED nous apprend que l’humanité devrait voir sa population s’accroître de 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050. Cette croissance de population bénéficiera en tout premier lieu au continent africain, qui verra sa population plus que doubler, de 1,2 à 2,5 milliards.
Autre donnée, cette population sera majoritairement urbaine. Dès 2035, la moitié de la population du continent africain vivra en ville. Dans les 10 prochaines années, 187 millions de personnes supplémentaires habiteront dans les villes.
La mobilité et le développement durable seront alors au cœur des enjeux.
Lors du récent sommet d’Agadir sur le climat des acteurs non étatiques, Climate Chance, le continent africain a fait l’objet de toutes les attentions avec notamment l’objectif de trouver un équilibre entre développement économique et réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre. Il s’agit de trouver des modèles de développement plus durables, plus proche des consommateurs, prenant en compte les équilibres sociaux et environnementaux.
La mobilité des personnes, par exemple par des modèles privés comme ceux des taxis collectifs, continuent à être des modèles pertinents, même si certaines villes s’équipent de tramway ou même de bus électriques (Marrakech par exemple).
La mobilité des marchandises nécessite beaucoup de progrès notamment sur la professionnalisation du transport, qui est en général mieux optimisé que les flottes propres.
Les zones rurales ne sont pas absentes de ces efforts sur la mobilité. Le développement rapide des drones de transport en Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie, Rwanda), dont le développement est soutenu par une législation moins stricte que dans d’autres pays, permet d’apporter des solutions : transport de produits sanguins, de vaccins, de médicaments, peut-être également d’alimentation dans des zones éloignées ou difficiles d’accès. Rapidité, coût, impact environnemental réduit, les drones permettent de répondre aux problématiques locales de développement durable.
Le salon e-commerce Paris, qui se tient du 19 au 21 septembre Porte de Versailles, a été l’occasion du témoignage exceptionnel du premier e-marchand africain, Jumia. Juliet Anammah, CEO de Jumia Nigeria, a fait un exposé réaliste et passionnant de l’état du e-commerce sur le continent africain.
Certes, l’e-commerce ne représente en Afrique que 0,4% de la consommation alors que, dans le reste du monde, il approche les 9%. L’Afrique n’est pas un enjeu pour les grands e-marchands mondiaux, qui se concentrent les marchés asiatiques, d’Amérique du Nord et d’Europe, qui captent l’essentiel du marché.
Mais en Afrique, les fondamentaux sont présents pour permettre un développement rapide du e-commerce, au profit du développement économique et social.
En effet, l’équipement en téléphones portables et maintenant smartphones, est très élevé. Les achats sur internet se font d’ailleurs beaucoup à partir des smartphones. En 2010, seulement 2% de la population était équipée de smartphones. Ce taux atteindra 50% en 2020 !
Le mode d’achat en Afrique nous rapproche de l’origine du e-commerce : permettre d’accéder à des produits qui ne sont pas disponibles dans les magasins physiques et aux meilleurs prix.
Jumia a développé un modèle similaire à celui d’une market place, qui accueille des vendeurs, souvent par le biais de distributeurs locaux. Il n’y a pas encore de centralisation logistique au niveau du continent. Chaque pays dans lequel Jumia est présent a sa propre organisation logistique.
Une des particularités est l’existence encore très marquée du cash on delivery. 50% des ventes font l’objet de paiement à la réception. A noter que certains pays africains, comme le Kenya, sont très en avance pour le paiement par mobile.
La livraison est, soit effectuée par des réseaux de transport organisés, comme DHL, soit par l’organisation de transport interne, par véhicule motorisé ou scooter 3 roues.
Les produits proposés par Jumia sont très divers : habillement, électronique, smartphones, équipement de la maison, mais aussi panneaux solaires.
Jumia apporte un concentré de solutions complémentaires, et notamment un service de consolidation en amont des commandes (par exemple de Chine) afin de réduire les coûts de transport.
A n’en pas douter, l’Afrique sera dans l’avenir un des grands marchés mondiaux du e-commerce. La réussite de Jumia, qui n’a été créé qu’en 2012 et est déjà présent sur 20 pays d’Afrique, est là pour montrer la voie.
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