Archive d’étiquettes pour : livraison urbaine

Comme chaque année, l’équipe Logicités et ses partenaires évaluent les startups de la logistique urbaine afin de mettre sur le devant de la scène quelques modèles particulièrement prometteurs. La logistique urbaine a connu en 2024 des tendances de fond : développement des espaces logistiques et de la cyclologistique, renforcements réglementaires notamment autour de l’économie circulaire, émergence de nouveaux programmes CEE notamment autour des artisans et commerçants (programme Marguerite), développement rapide des réseaux de consigne de colis. Ce ne sont là que quelques tendances qui montrent que la logistique urbaine est en constante évolution et constitue un outil indispensable pour garantir un approvisionnement efficace et maîtrisé des territoires.
Pour parvenir à un palmarès, qui comme tout palmarès, aura son lot de déçus, d’oubliés et d’imperfections, nous avons choisis de faire appel à 5 expert-e-s et consultants, toutes et tous bien au fait des tendances et de la valeur ajoutée des modèles.

Elsa Le Van, économiste des transports et experte en logistique urbaine (ELV Mobilités)
Karine Weber, consultante en logistique urbaine durable et fondatrice du bureau d’études Feuille de Route Conseils
Jérôme Libeskind, expert en logistique urbaine et e-commerce, directeur de Logicités
Céline Guilloit, directrice d’études à Logicités
Paul Bittard, chargé d’études à Logicités
5 catégories ont été évaluées :
• La cyclologistique
• Les solutions de livraison du dernier kilomètre
• Les consignes de retrait et points relais
• Les emballages, contenants consignés et circuits courts alimentaires
• Les équipements et solutions IT
A partir d’une pré-liste de plus de 50 startups, 5 d’entre elles sont donc mises en avant, 1 par catégorie. Elles reflètent à la fois une diversité des solutions, une formidable capacité d’innovation et l’émergence de modèles de logistique urbaine de plus en plus durables. L’évaluation est le fruit d’un scoring, et ce sont les startups les plus innovantes qui ont été retenues sans toutefois que les autres soient dénuées d’intérêt.

La Petite Boucle
Dans la catégorie cyclologistique, c’est de façon quasi unanime que La Petite Boucle a été positionnée dans ce palmarès.
Située à Saint-Malo, La Petite Boucle effectue la collecte de biodéchets et des livraisons vers les commerces et les particuliers, le tout en vélocargo. Mais la grande originalité du modèle, c’est la mise en place en juin 2024 d’un microhub sur le port de Saint-Malo. La Petite Boucle est équipée de vélos biporteurs et de remorques Bicylift (Fleximodal). Le microhub, situé à seulement 500 m de la zone de livraison de l’hypercentre, permet de raccourcir les distances d’approche et d’améliorer ainsi la productivité de la livraison en vélocargos, notamment pour la livraison de palettes et de colis encombrants.
Cette initiative, qui fait figure d’exemple, mérite d’être mise en avant. Elle montre que la cyclologistique dans les villes moyennes est une réalité mais aussi que le modèle du microhub peut aider à améliorer le fonctionnement de ce mode de transport.
https://lapetiteboucle.bzh/
Les Ripeurs
La catégorie « dernier kilomètre » regroupait des modèles assez différents et c’est Les Ripeurs qui a recueilli d’assez loin la première place dans cette catégorie, place assez disputée avec Dooitch, également très pertinente comme solution. La gestion des déchets de chantiers est un vrai sujet pour les artisans et les entreprises du secteur. Ces déchets doivent être collectés, triés puis déposés dans des déchèteries spécialisées. Les Ripeurs effectuent ces tâches pour le compte des artisans en collectant et déposant les déchets de chantier dans les bonnes filières de valorisation et en réduisant aussi ce qui est trop souvent déposé en décharge sauvage. 87% des déchets collectés par Les Ripeurs sont réemployés ou revalorisés. En mettant en place un service de collecte organisé et structuré, les Ripeurs participent ainsi à une réduction des émissions de polluants et aux kilomètres parcourus par les artisans.
https://www.lesripeurs.com/
Qomod
La catégorie « consignes et points relais » de cette analyse regroupe de nombreuses bonnes initiatives permettant de réduire les livraisons individuelles et de mieux consolider les livraisons e-commerce. 2 solutions sont arrivées en tête : Qomod, puis juste après, Smile Pickup.
Le concept de Qomod, créé à Lille fin 2023, consiste à créer des espaces de retrait automatique multi-enseignes, alimentaire et non alimentaire. Le premier point créé à Lille regroupe Delipop (plusieurs enseignes alimentaires) mais aussi des consignes Kiabi, Decathlon ou Vinted. Qomod permet aussi le retrait de colis du réseau Pickup. Qomod est un vrai point de proximité pour le retrait ou l’envoi des colis. Une douzaine d’espaces Qomod ont déjà été développés en région lilloise. Une initiative extrêmement vertueuse sur le plan environnemental que le groupe d’expert-e-s récompense à juste titre dans ce palmarès.
https://www.qomod.fr/
La Tournée
Dans la catégorie « emballages-contenants consignés et circuits courts », c’est assez nettement le modèle de consigne de La Tournée qui a été retenu. Cette startup parisienne propose la vente d’un catalogue de produits alimentaires et d’hygiène, tous en contenants consignés. En s’inspirant du modèle ancien de la tournée du laitier, la start-up livre les produits commandés et collecte en même temps les contenants consignés qui sont alors lavés et remis dans le circuit. La Tournée livre en véhicule électrique. E-commerce, livraison urbaine et contenants consignés sont associés au même modèle, un modèle 100% circulaire et optimisé.
https ://landing.la-tournee.co/
Squaremiles
La dernière catégorie, celle des équipements et solutions IT, regroupait près d’une quinzaine de solutions notamment d’optimisation informatique. Les solutions proposées par Squaremiles et DiaLog sont arrivées en tête. Squaremiles est de peu la mieux notée. Née de la rencontre de trois expertises : l’intelligence artificielle, la logistique urbaine et la transformation des flux, Squaremiles propose plusieurs solutions d’optimisation des flux de livraison urbaine et de gestion des aires de livraison (Delivery park). L’outil Squaremiles permet de simuler des scénarios multimodaux notamment en mix véhicules électriques et vélocargos. Une vraie solution IT d’optimisation des flux du dernier kilomètre en prenant en compte les différents modes de transport dont la cyclologistique.

Les 5 expert-e-s qui ont travaillé sur cette analyse ont aussi noté plusieurs modèles particulièrement intéressants. Dooitch, Smile Pickup et DiaLog ont été cités. Mais d’autres modèles, comme Vrai + Local, Toutenvelo, Harvy, Mobiuspack, Ecofluv auraient pu aussi figurer dans ce palmarès.
La logistique urbaine, durable, résiliente mais aussi performante sera sans nul doute au cœur des attentions durant cette année 2025 !
Cette évaluation n’engage que l’équipe d’expert.es consultées.
L’équipe Logicités vous présente ses meilleurs vœux pour 2025 !

Pour visionner notre carte de vœux 2025!

 

L’exposition « A vélo, Paris Métropole », présentée au Pavillon de l’Arsenal, constitue un excellent résumé de l’histoire du vélo à Paris. L’ancêtre du vélo, la draisienne, voit le jour au début du 19ème siècle. Assez rapidement, le vélo devient un loisir pour les classes sociales les plus aisées, qui s’entrainent dans des manèges puis dans des parcs.

Ce n’est que plus tard, et notamment après la Première Guerre Mondiale, que le vélo se démocratise. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les photos de Paris avec plus de vélos que de voitures, du fait du manque de carburant, attirent l’attention. Les vélocargos, qui se sont fortement développés entre les deux Guerres, connaissent alors un nouveau terrain de jeu, par la contrainte énergétique.

photo du journal L’Excelsior, 1923

Le journal l’Illustration, du 19 octobre 1940, présenté lors de cette exposition, nous montre tous les modèles de l’époque de vélocargos et cyclo-remorques. La cyclologistique découvre toute sa diversité durant cette période de Guerre.

l’offre de vélocargos en 1940

Cette exposition très riche en documents sur l’histoire du vélo nous apprend que les premières pistes cyclables parisiennes ont été réalisées par Jacques Chirac ! Ce n’est bien après que les premiers Velib sont apparus, sous la mandature Delanoë.

La cyclologistique, comme moyen de transport actuel de marchandises à Paris est à l’honneur, avec les solutions proposées à Cargonautes ou Carton Plein. Une exposition à ne pas manquer pour tous les passionnés de logistique urbaine, jusqu’au 29 septembre.

La logistique urbaine fait partie intégrante des politiques publiques de nombreuses grandes métropoles européennes depuis plusieurs années.

Au Maroc, le sujet est relativement récent. En 2020, l’Agence Marocaine pour le Développement de la Logistique (AMDL) a édité un remarquable document, le guide national de la logistique urbaine. Ce guide très complet, mais qui reste à l’état théorique, permet d’initier une démarche et de mettre l’accent sur ce sujet, encore trop méconnu au Maroc.

En 2023, le Plan de Mobilité Urbaine Durable de la conurbation de Rabat-Salé-Skhirat-Témara, à l’initiative de Rabat Région Mobilité, a intégré un volet logistique urbaine dans son document de planification des mobilités. C’est certainement la première fois au Maroc qu’une Autorité Organisatrice des Mobilités intègre la logistique urbaine dans sa feuille de route.

Le 7 mai 2024, le congrès Logismed à Casablanca a intégré dans son programme une table-ronde sur la logistique urbaine. Animée par Jérôme Libeskind, expert en logistique urbaine et directeur du bureau d’études Logicités, cette table-ronde réunissait M. Anas Arhbal, Directeur Supply Chain de Centrale Danone, M. Olivier Pillon, Directeur Exécutif chargé de la Supply Chain du groupe Marjane, Mme Nadia Laraki, Directrice Générale de l’Agence Nationale des Ports et M. Jean-Michel Genestier, délégué à la logistique métropolitaine à la Métropole du Grand Paris.

conférence Logismed 2024 (source Hespress)

Quelles sont les spécificités de la logistique urbaine au Maroc et quels en sont les enjeux ?

Le Maroc est devenu un pays majoritairement urbain, avec le développement très rapide de grandes agglomérations telles que le Grand Casablanca, Rabat-Salé-Témara, Tanger, Marrakech, Agadir, Fès, Kénitra ou Meknès, pour ne citer que les principales d’entre elles. Ce tissu urbain dense est toutefois marqué par une grande diversité de quartiers. Les quartiers modernes côtoient des secteurs intermédiaires ou populaires, avec la spécificité des médinas, qui sont caractérisées par un réseau viaire très dense mais étroit.

Cette densité urbaine est caractérisée par un maillage commercial particulièrement dense. Le commerce moderne ne représente que 15 à 20 % du potentiel commercial du pays. Lors de la conférence du 7 mai, Danone indiquait distribuer ses produits dans pas moins de 75 000 commerces, montrant ainsi l’immensité du défi du dernier kilomètre.

Une autre caractéristique du Maroc est le poids insuffisant des transporteurs et logisticiens. Les entreprises marocaines, grossistes, distributeurs ou même industriels, ont souvent leur propre flotte de véhicules et distribuent directement leurs produits, multipliant ainsi les flux de livraison. Chaque petite épicerie est livrée par une multiplicité de fournisseurs et de véhicules.

 

Pour de nombreuses raisons liées aux charges transportées, aux difficultés de stationnement ou au mode de paiement, les livraisons sont assez peu efficientes, générant un temps important et une multiplicité de véhicules et de manutentions.

Ce mode de fonctionnement insuffisamment optimisé a tendance à changer, au travers de certaines pratiques de mutualisation des flux. La part du compte d’autrui (les transporteurs), qui regroupent les flux de différents chargeurs, a tendance à augmenter. Certains chargeurs, comme Danone, qui ont leur propre organisation de livraison, commencent à la mettre à disposition d’autres entreprises. La distribution moderne, à l’instar de Marjane, met en place des organisation supply chain centralisées, limitant le nombre de véhicules. Pour les livraisons e-commerce, les réseaux de points relais et consignes se développent rapidement. Toutes ces pratiques de consolidation des flux témoignent d’une réelle prise de conscience des acteurs de la chaîne logistique urbaine afin d’optimiser les flux et d’en réduire les impacts.

Les enjeux sont très bien identifiés et les acteurs en ont conscience : impact environnemental des véhicules de livraison (émissions de polluants locaux et de gaz à effet de serre), impact économique pour les entreprises, respect de la chaîne du froid, sécurité … Ce sont là quelques-uns des défis auxquels les acteurs de la livraison sont confrontés.

Les acteurs publics marocains agissent dans le cadre d’une Stratégie Nationale de Développement Durable 2030 et d’une Stratégie Nationale du développement de la compétitivité logistique. La mise en place, au niveau des territoires, de plans d’action de logistique urbaine s’articule alors avec ces documents stratégiques nationaux.

Les autorités marocaines pourront donc définir un portage au plan national afin de garantir une méthodologie homogène, mais aussi le niveau de gouvernance local de ces travaux de diagnostic territorial et de plan d’action,  comme l’a récemment fait l’agglomération de Rabat-Salé.