Le roi Louis XI, qui a régné 22 ans (1461-1483), a eu une importance logistique souvent méconnue. Roi autoritaire, mais aussi négociateur, voyageant dans son royaume jusqu’à tenter les bains de foules (déjà à l’époque !), s’opposant sans relâche à Charles le Téméraire, Louis XI nous intéresse pour un tout autre sujet.
Nous lui devons l’invention du réseau de messagerie. Il fut en effet le créateur du premier transport régulier de courrier, dans la continuité, 6 siècles auparavant, des messagers à pied, que Charlemagne envoyait à travers l’Europe.
En effet, en 1479, Louis XI crée, en premier lieu pour sa propre utilité, la Poste Royale, ou plutôt le formidable réseau de relais de postes, tous les 28 kilomètres (7 lieues, d’où l’origine des bottes…), distance considérée comme maximale pour un courrier au galop, nécessitant alors un changement de monture. Cette organisation a ainsi nécessité des courriers, qui portent les missives et des relais de postes, qui gèrent les montures afin de permettre au service de fonctionner, de même que des postillons, pour gérer le retour des chevaux.
Plus tardivement, sous le règne d’Henri III, au XVIème siècle, on comptait jusqu’à 250 relais de postes sur 14 itinéraires.
Ce formidable réseau, dont l’objectif unique était la transmission de l’information, nous rappelle qu’un réseau de transport est basé sur des principes simples :
1) Un mode de transport (le cheval à cette époque)
2) Une distance d’autonomie (28 kilomètres à l’époque)
3) Des points de transit (les relais de postes)
4) L’organisation du retour
Si le sujet de l’autonomie des moyens de transport n’est que peu apparu lors des dernières décennies, le développement des modes doux : cyclologistique et véhicules électriques notamment, donne toute son importance au relais, que de nos temps nous appelons Espace Logistique Urbain.
Alors sommes-tous téméraires comme Charles, en imaginant la mobilité électrique ? Devons-nous réinventer les bottes de sept lieues pour parvenir à mettre en œuvre une transition énergétique souhaitée par tous ?
L’histoire nous rappelle l’importance de la volonté publique et du courage politique pour mettre en oeuvre des infrastructures de transport efficaces, qui perdureront pour les générations futures.