En 2013, le magasin Auchan de Saint-Herblain avait expérimenté le covoiturage des courses. Le principe était de mettre en relation un client venant retirer ses achats à un drive et un internaute habitant à proximité. Le premier client se voyait proposer, moyennant un avantage économique, de livrer les courses de son voisin.
Ce principe découle des expériences de Walmart aux Etats-Unis, fondées sur le service aux consommateurs, mais aussi la réduction des coûts de transport. Les avantages environnementaux sont importants. Covoiturer les courses, c’est éviter un trajet et donc réduire l’impact environnemental du transport.
C’est aussi un moyen de développer les liens de proximité entre les habitants et les services aux consommateurs.
Deux initiatives récentes remarquables sont dans la continuité de ces premières expériences.
Tout d’abord, le magasin Carrefour de Labège (Toulouse) a mis en ligne un service de livraison express entre voisins. Pour seulement 9,90€, un internaute peut se faire livrer ses courses par un de ses voisins, qui profitera de son propre trajet. Les livraisons sont effectuées en 3 heures seulement, sur créneau d’une heure. Le service est réalisé par la start up Drivoo, qui se développe dans différentes villes de France, à Toulouse, mais aussi à Paris, sur les livraisons au départ de commerces et centres commerciaux, en utilisant des livreurs qui sont des particuliers.
Drivoo vient tout juste d’être reconnue par la communauté logistique en remportant le prix de l’innovation logistique durable dans la catégorie « logistique urbaine ». Permettre de désengorger les villes en optimisant les trajets existants constitue une des solutions les plus pertinentes de la logistique urbaine.
La seconde initiative concerne l’ensemble des flux de marchandises des particuliers et notamment le C to C, en plein développement. Vendre un meuble, un objet ou un vélo sur internet est devenu simple avec les sites de vente en ligne entre particuliers comme Ebay ou Leboncoin. La difficulté apparaît dans la livraison de l’objet. Dès que l’objet est encombrant, le coût élevé du transport impose de limiter la vente à un secteur géographique local. Il fallait donc inventer une solution économique et simple permettant à des particuliers de livrer les objets sur des distances plus longues, des trajets interurbains. C’est ce qu’a inventé la start up DacOpacK.
En allant plus loin qu’un simple site de mise en ligne d’annonces, DacOpacK est parti des capacités de transport disponibles, soit dans des voitures, soit dans des camions, donc des professionnels. Ces capacités disponibles, souvent des trajets réguliers entre deux villes, peuvent être utilisés pour le transport d’objets entre particuliers.
Nul doute que le succès du covoiturage de personnes, à l’instar de Blablacar, trouvera dans cette solution son équivalent sur le transport d’objets.
De nombreux avantages existent. L’objet remis n’a pas toujours besoin d’être emballé. Le prix correspond, comme le covoiturage, à un remboursement de frais, permettant à une personne effectuant un trajet entre deux villes de réduire ses frais de route. Ce service est utilisé par les vendeurs ou acheteurs sur les sites de vente entre particuliers, mais aussi pour les besoins privés des personnes. Acheminer ses skis à une station de sports d’hiver, son vélo ou sa planche à voile devient alors possible en mettant en relation des capacités disponibles et des particuliers.
Au travers de ces deux réalisations complémentaires, l’une au départ d’un des principaux sites de vente en ligne de courses alimentaires – Carrefour avec Drivoo, et l’autre sur le créneau du C to C – DacOpacK, émerge un nouveau segment de l’économie collaborative, le transport de marchandises.
La livraison collaborative, ou crowdshipping, constituera un des principaux segments de croissance du transport, porté par le développement de l’e-commerce (19% en 2015) et la volonté de mettre en oeuvre des solutions plus propres et plus pertinentes au moindre coût.