La toute nouvelle loi Macron a institué le label de Zones Touristiques Internationales à des quartiers touristiques et commerçants de Paris et de plusieurs autres villes, ainsi qu’à des gares, permettant ainsi l’ouverture des commerces 7 jours sur 7 jusqu’à minuit.

Ce concept ne fait que régulariser et équilibrer une situation. Lorsque nous sommes touristes dans une ville étrangère, nous apprécions de trouver, dimanche compris et le soir, des magasins et restaurants ouverts. Ce sera donc maintenant encadré par une loi.

Mais ce que la loi Macron a oublié, c’est qu’ouvrir des magasins dont les rayons seraient vides n’apporte pas nécessairement la réponse aux questions posées.

Pour assurer avec un fonctionnement optimal l’ouverture d’un commerce le week-end, il est souvent nécessaire de revoir le fonctionnement logistique en amont.

En effet, les logiques d’approvisionnement en flux tendus des magasins, qui disposent de très peu de stock en rayon, nécessitent des préparations de commandes et des livraisons en dehors des jours et horaires prévus actuellement.

Il est dans de nombreux cas difficile d’imaginer qu’un magasin ouvert le samedi et le dimanche jusqu’à minuit, qui plus est dans un quartier très fréquenté, ne soit approvisionné que le vendredi. Cet élargissement horaire des magasins nécessitera donc tout à fait logiquement un élargissement horaire des plates-formes logistiques et des transports.

Une autre solution serait d’imaginer une plate-forme de proximité pour certains commerces ouverts le dimanche, disposant des principales références. C’est ce qu’a imaginé Amazon en mettant en place en test la livraison le dimanche.

Donc en quelque sorte le pendant logistique de la ZTI, une Zone Logistique Internationale.

En effet le magasin n’est que l’aboutissement visible d’une chaîne, qui part de l’entrepôt jusqu’au consommateur.

Reste alors à imaginer de quelle façon les produits seraient acheminés, le jour et la nuit, entre la future ZLI et la ZTI. La mise en place des ZTI est une excellente opportunité pour la mise en place de solutions de logistique urbaine.

Ce qui est certain, c’est que dans le cadre des ZTI, les vendeurs des magasins concernés ne seront pas les seuls à travailler le dimanche.

La langue de Voltaire nous offre des surprises toutes logistiques. La consigne…

La consigne, c’est pour certains d’entre nous un retour en arrière vers ce que nous appelons maintenant l’économie circulaire. Depuis les années 1920, les boissons vendues en bouteilles de verre ont fait l’objet d’un retour de l’emballage afin qu’elles soient lavées et réutilisées. La première huile Lesieur, en 1924, était vendue en bouteilles consignées. Le retour des bouteilles consignées a progressivement disparu à partir des années 1960, au profit d’abord d’un modèle consumériste, puis d’un modèle français de récupération et d’incinération.

A ce jour, environ 63% du verre est récupéré et recyclé dans un système que nous pouvons appeler d’économie « semi-circulaire ».

Le seul secteur dans lequel les bouteilles sont encore consignées en France est le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, pour les eaux et sodas.

Mais cette réutilisation efficace des emballages, même si elle implique un coût logistique et industriel, n’est pas encore entrée dans les mœurs, faute probablement de consigne, de loi. La consigne des bouteilles verre et PET existe dans tous les pays nordiques depuis longtemps et ne pose aucun problème.

L’économie circulaire a encore un long chemin à parcourir pour atteindre le niveau de performance de nos voisins de l’Est et du Nord de l’Europe.

Notre consigne actuelle, c’est la loi sur la transition énergétique. Changer d’énergie, sortir du diesel dont nous connaissons les effets dévastateurs pour aller vers d’autres énergies plus propres. Mais une loi ne suffira pas. Comme dans de nombreux autres domaines, le problème n’est pas la loi, c’est son application. Comment inciter les consommateurs, en période de crise, à acquérir des véhicules chers mais plus écologiques, alors que le prix de l’essence diminue et que le diesel est toujours moins cher que l’essence ?

La loi sur la transition énergétique est d’abord une ligne directrice pour les gouvernants. Nous avons en effet trop connu de lois environnementales non appliquées, soigneusement consignées au fond des placards ministériels et qui restent dans les esprits comme des effets d’annonce. Grenelle de l’environnement, loi sur l’air, Ecotaxe…

Notre troisième consigne, c’est celle qui révolutionnera les livraisons de l’e-commerce. Pour la première fois, les livraisons hors domicile, donc en point relais, en magasin  (click & collect), en consignes automatiques ou autre Pickup Store, ont dépassé en 2014 les livraisons directes.

L’internaute devient progressivement lui-même acteur du dernier kilomètre. L’augmentation sur un an de 11% du chiffre d’affaires de l’e-commerce et de 15% du nombre de commandes rend impératif la recherche de solutions alternatives à la livraison directe.

L’inauguration cette semaine du Pick Up Store de la gare St Lazare, après ceux d’Ermont Eaubonne et d’Evry constitue un maillon dans le développement d’un concept complémentaire à la consigne automatique, le bureau de ville. Un espace urbain moderne étudié pour le retrait et l’envoi de colis.

Les avantages des consignes automatiques907234 et bureaux de ville sont environnementaux et financiers. Il s’agit de points de consolidation des flux permettant une réduction de l’impact environnemental et par la même de points massifiés permettant de réduire sensiblement les coûts de la livraison.

Alors, la consigne ou le Pick Up Store, c’est d’abord une bonne affaire pour le citoyen et l’e-consommateur. Ne les consignons pas dans les placards !

L’excellent article paru aujourd’hui dans Télé 7 jours, montre que nous n’en avons pas terminé avec une forme de vente oubliée depuis longtemps, la vente à domicile.

Article Télé 7 Jours du 17 janvier 2015 avec interview de Jérôme Libeskind

Article Télé 7 Jours du 17 janvier 2015 avec interview de Jérôme Libeskind

La vente à domicile, associée à Tupperware, qui la pratique depuis … 1951, retrouve toute sa pertinence dans l’époque d’économie collaborative qui est la nôtre. Transformer son appartement en magasin pendant un temps donné, faire venir des voisins, amis, connaissances afin de leur faire partager les avantages d’un produit ou leur faire tester des nouveautés est à la fois un concept ancien et étonnement moderne.

Il s’agit bien là de créer une communauté à l’échelle d’un quartier afin de vendre des produits. Il s’agit aussi de partager un espace privatif, son logement, en espace commercial pour un temps limité. En ce qui concerne l’utilisation de l’espace, le modèle est assez proche de celui de Airbnb ou de Blablacar.

Sur le plan logistique, nous sommes dans le cadre d’un magasin éphémère, qui va recevoir des produits en temps masqué et les vendre directement ou va prendre des commandes auprès de sa communauté.

Le concept présente de nombreux avantages. Les coûts commerciaux sont réduits par l’absence de surface de vente. Les livraisons sont consolidées auprès d’un seul point qui gère le dernier kilomètre, « l’ambassadeur ». Il évite des coûts logistiques, d’emballage  et de transport souvent importants dans l’e-commerce. Il peut permettre à de nombreuses personnes qui ont des qualités commerciales et un peu de temps disponible de trouver un revenu d’appoint.

La grande différence avec le modèle Tupperware est internet. Il peut servir de levier à la prospection et à la préparation de la vente.

Au travers de cet exemple, Earl Tupper (le fondateur de la marque bien connue) nous apprend que le mode de commercialisation peut être un élément différenciateur sur le plan commercial. Ses produits n’ayant pas eu de succès dans le réseau traditionnel de l’époque, il ne renonce pas et essaie un autre canal de vente, la vente à domicile.

Les vendeuses utilisaient pour cela leurs réseaux sociaux, en quelque sorte leurs voisins, amis, amis de leurs amis et ainsi de suite…

Pas encore cross-canal, Earl Tupper nous a cependant donné une formidable leçon de réussite commerciale et logistique face au système de distribution installé

Le modèle d’Earl Tupper, qui a quasiment le même âge qu’un autre modèle de distribution bien connu, connaîtra-t-il un jour le même succès ? Cabu aurait peut-être eu son avis sur la question…

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