Le 21 juin dernier est paru au Journal Officiel le décret issu de la loi AGEC encadrant l’interdiction de vente de fruits et légumes dans du plastique.

La loi AGEC  pour « antigaspillage et économie circulaire » est présentée comme une des grandes avancées environnementales des dernières années. Décryptons…

La France génère 4,8 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année et 60% de ces déchets sont des emballages, nous apprend l’atlas du plastique. Il est donc légitime de s’intéresser à tous les segments de ces déchets et notamment ceux provenant des emballages des fruits et légumes.

La loi AGEC de 2020 interdit la vente de fruits et légumes dans des emballages plastiques. C’est tout simplement du bon sens et nous pensions tous que c’était là une mesure simple à appliquer. 37% des fruits et légumes sont vendus dans du plastique et on parle de 1 milliard d’emballages, la plupart (voire tous) inutiles…

Mais c’était probablement sans compter sur l’extraordinaire lobbying du plastique, qui a encore de beaux jours devant lui.

Cette loi prévoyait 40 exceptions avec des limites de durée assez courtes. Les syndicats professionnels représentant les intérêts de la profession du plastique se sont tournés vers le Conseil d’Etat, qui leur a donné raison !

Le décret du 21 juin dernier, signé par pas moins de 3 ministres, le ministre de l’Agriculture, celui de la transition écologique et la secrétaire d’état chargée de l’écologie liste les exceptions à cette règle de bon sens, dans la continuité de la décision du Conseil d’Etat.

Pas moins de 29 fruits et légumes font l’objet d’une exception, donc pourront continuer à être commercialisés dans du plastique, ainsi que les fruits « mûrs à point »

C’est ainsi le cas des endives, des asperges, des brocolis (qui comme tout le monde le sait, ont besoin de plastique pour être protégés…), des champignons, des pommes de terre et carottes primeur, de la salade, des herbes aromatiques et graines germées, des épinards, des cerises, des framboises, fraises, myrtilles, mûres, groseilles, cassis… autant dire de presque tous les fruits et légumes que nous achetons quotidiennement !!!

Et le pire est l’exception accordée aux « fruits mûrs à point ». Evidemment, on se demande tous ce que ce sont ces fruits mûrs à point, qui ont eux le droit d’être emballés et vendus dans du plastique… Le décret nous indique que les fruits mûrs à point sont des fruits vendus au consommateur final à pleine maturité. C’est-à-dire que les fruits exemptés de plastique sont ceux qui ne sont pas mûrs…

Le distributeur a alors comme seule obligation de mentionner sur l’emballage « fruits mûrs à point » et il est en parfaite légalité avec cette loi annoncée comme représentant un formidable progrès sur le plan écologique.

Il suffit de se promener dans les rayons d’une grande surface pour se rendre compte que cette obligation ne se traduit pas dans les faits par une réduction sensible des emballages plastiques.

Alors que faire face à ce décret qui s’apparente plus à du greenwashing qu’à une vraie avancée environnementale ?

Comme souvent, c’est le consommateur a le dernier mot. A lui de décider !