La formidable dynamique de la SITL, qui vient tout juste de s’achever, incite les journaux nationaux à aborder ce sujet, pourtant technique.

Le Journal du Dimanche, dans son édition parisienne, vient de consacrer une pleine page au potentiel de la logistique fluviale à Paris.

En effet comment expliquer au public que la voie fluviale était pendant des siècles le principal axe de livraison de la capitale et qu’aujourd’hui, le principal mode de distribution soit la route, avec comme conséquence sa panoplie d’externalités négatives ?

Le mode fluvial retrouve une certaine dynamique grâce aux efforts de Ports de Paris mais aussi de certains chargeurs.

Le principal potentiel du fluvial est le transport de pondéreux. Le futur chantier du Grand Paris constitue une formidable opportunité pour le fluvial. En effet, la compétitivité du fluvial se trouve sur la massification. Pour les produits pondéreux, elle existe d’origine.

Cependant, pour aider les flux à s’organiser dans ce sens, le rôle des pouvoirs publics est de prévoir des clauses environnementales précises dans les Cahiers des Charges d’appels d’offres publics.

Mais la logistique urbaine de produits finis constitue également un potentiel non négligeable, à l’instar de l’expérience de Franprix.

Comme de nombreuses réalisations de logistique urbaine, elle représente un surcoût, partiellement, mais de moins en moins supporté par l’Etat, en période de restrictions budgétaires.

Réinventons alors le bonus-malus. Faire payer par les moins vertueux les surcoûts supportés par ceux qui font de vrais efforts pour la collectivité. Une sorte d’écotaxe urbaine, même si le terme n’est plus à la mode.

Pour y parvenir, le meilleur moyen est de connaître la valeur des externalités négatives produites. C’est la mission de l’agence de notation extra financière  European TK Blue.

Les médias nationaux ont un rôle d’éducation du grand public afin de lui faire comprendre que réduire la pollution locale ne passe pas que par la circulation alternée, qui reste une solution palliative prise dans l’urgence. La logistique urbaine fait partie des éléments permettant de réduire de façon durable les externalités négatives dans les villes. Mais elle représente un coût que chacun doit accepter.

Mon livre, « La logistique urbaine, les nouveaux modes de consommation et de livraison » (Editions FYP) va plus loin dans l’analyse historique, l’explication des problématiques et l’étude des solutions d’avenir.

livre logistique urbaine

Le livre que je viens de publier chez Fyp Editions http://www.fypeditions.com/la-logistique-urbaine-les-nouveaux-mondes-de-consommation-et-de-livraison/

est à la fois un travail de rapprochement des modes de distribution des villes dans le passé avec les problématiques actuelles et de recherche des solutions.

La logistique urbaine n’est pas un sujet nouveau. Il a même constitué un des éléments essentiels du développement des agglomérations. Les solutions imaginées aujourd’hui ont parfois déjà existé dans le passé.livre logistique urbaine

Ce qui est nouveau, c’est notre mode de vie, dont les impacts sur la logistique urbaine sont considérables.

Nous ne sommes plus dans un schéma ancien, dans lequel les villes sont constituées d’habitations, d’entreprises et de commerces. Ce modèle est aujourd’hui dépassé par l’émergence de nouveaux modes de consommation, à commencer par l’e-commerce.

Ils sont également perturbés par les évolutions collaboratives dont les conséquences logistiques ne sont pas encore totalement perceptibles.

Parler de logistique urbaine sans parler d’e-commerce ou des modèles collaboratifs, c’est oublier un pan entier de la consommation et des flux, ceux qui connaissent la croissance la plus rapide.

La logistique urbaine a alors comme mission de mieux organiser les flux, de les rationaliser et de réduire les externalités négatives induites, en tenant compte de ces évolutions.

Nous sommes au carrefour de l’urbanisme, de la mobilité, de l’écologie et du numérique.

Merci des nombreux messages que je reçois et bonne lecture !

Tous les mois, parfois plusieurs fois par mois, nous voyons s’organiser des colloques autour de la logistique urbaine. Le colloque organisé par le Conseil Régional de l’Ile de France le 5 mars, ne dérogeait pas à la règle.

On rappelle les études anciennes, presque archéologiques, des années 1990, montrant l’impact de la distribution des marchandises sur les externalités négatives. On présente quelques expériences vertueuses en expliquant que la solution miracle, c’est le CDU et on parle des drones et du tramfret.

Evidemment, nous pourrions nous arrêter là et rien ne nous semble nouveau.

Pourtant, plusieurs éléments montrent que ce colloque marque une étape.

Tout d’abord, les marchandises attirent une salle comble. C’est une excellente nouvelle. Plus nous serons nombreux à nous intéresser à ces problèmes, plus facilement nous parviendrons à convaincre que « les colis votent aussi, comme les habitants ».

La seconde nouveauté, c’est que nous avons parlé de sujets concrets et pas de principes généraux. Le Conseil Régional et ses experts nous a exposé l’état des travaux sur les Docks de Saint-Ouen, Le site de la Papeterie à Nanterre et l’espace sous le périphérique à Pantin. Nous ne serions donc plus dans l’analyse des problèmes mais dans l’étude de solutions ? C’est peut-être cela qui se dessine aujourd’hui. Les travaux aujourd’hui menés ne sont plus des études théoriques mais l’étude de mise en œuvre de solutions concrètes, à l’initiative d’acteurs publics. C’est une excellente nouvelle qui confronte les acteurs publics avec la réalité des solutions à envisager et c’est sans aucun doute la meilleure voie pour avancer.

Le Maire adjoint de Paris en charge des transports, Christophe Najdovski, a fait un exposé précis sur le toute nouvelle politique de la ville afin de réduire la pollution et faire entrer Paris dans le club, pas si fermé, des 192 villes qui restreignent leur accès à certains types de véhicules anciens et polluants. 180 bornes électriques « rapides » (22 KVA) seront prochainement installées dans Paris, en lieu et place d’emplacements de stationnement, permettant ainsi aux professionnels de passer du diesel à l’électrique en toute sécurité. La Mairie de Paris aidera financièrement les TPE à remplacer certain véhicules anciens par des véhicules électriques. Un partenariat entre la Ville, la Région et GRDF a été mis en place afin de développer des stations GNV, permettant, surtout pour des véhicules Poids Lourds, une évolution dans ce sens.

Les remarquables travaux de l’IFFSTAR, notamment sur l’effet du desserrement logistique, qui a été plus rapide que le desserrement de la population, nous éclairent sur ce qui doit changer.

Il y a avait cependant un grand absent, lors de ce passionnant colloque, même s’il a été évoqué à plusieurs reprises, mais de façon bien rapide, c’est l’évolution extrêmement rapide de nos modes de consommation.

L’e-commerce bien entendu est le premier aspect. Des études sont peut-être nécessaires, comme cela a été évoqué, mais l’essentiel des chiffres est parfaitement connu et régulièrement publié par la Fevad. Entre 2014 et 2015, les achats e-commerce (en nombre) ont augmenté de 15%. Nous savons qu’il y a 33,8 millions d’e-consommateurs qui effectuent 600 millions de transactions par an dont environ 50% de produits physiques, donc 300 millions de colis. Les deux enjeux sont de consolider les flux et éviter l’échec à la livraison. Nous savons que l’échec à la livraison, mais aussi les retours, augmentent sensiblement ce chiffre de 300 millions de colis.

Mais l’e-commerce est loin d’être la seule évolution. J’en citerai trois autres :

Tout d’abord, l’accélération des flux. L’internaute n’accepte plus d’être livré en 3 ou 4 jours, voire plus. L’enjeu de la livraison jour J constitue un phénomène majeur d’évolution de la consommation. J’animerai le 2 avril prochain, à 13h15, sur la SITL, une conférence sur ce fait essentiel qui caractérise notre mode de consommation et donc la logistique urbaine.

Le second élément est le changement du commerce. Le commerce en ville change à une rapidité impressionnante. Les formats de magasin changent et se réduisent. Les amplitudes horaires évoluent, avec des ouvertures le soir et le dimanche. Le rôle cross canal des commerces en font autant des ELU (espaces logistiques urbains) que des commerces. Certains sont livrés 2 fois par jour comme les pharmacies. Le magasin urbain a un rôle logistique qu’il n’avait pas il y a seulement 5 ou 10 ans.

Le troisième élément majeur est la société collaborative. Le crowdsourcing est une évolution majeure de notre société dont nous ne mesurons pas encore les effets sur la logistique urbaine. Ils seront nécessairement considérables. Le C to C, mais aussi les circuits courts de distribution, la livraison collaborative, le partage, les places de marché. Des pans entiers de l’économie urbaine se retrouveront dans le crowdsourcing.

La logistique urbaine n’a pas fini d’évoluer et une chose est certaine. Les modèles des années 1990 ne seront pas ceux qui accompagneront les évolutions majeures de nos modes de consommation.

Pour les passionnés de ce sujet, je publie un livre « La Logistique Urbaine » aux éditions FYP.

livre