L’année 2016 était-elle un grand cru pour la logistique urbaine ?
Les années passent et ne se ressemblent pas. L’an passé, à la même époque, le blog de Logicités proposait, parmi les nombreux évènements de l’année 2015, 5 bonnes et 5 mauvaises nouvelles.
Les 5 mauvaises nouvelles étaient
- La baisse du prix du gazole
- La liquidation de la société Muses : la transition énergétique tarde à se mettre en œuvre
- L’arrêt du projet d’autoroute ferroviaire Atlantique
- La décision de reprise des travaux de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
- La disparition de Mory
En 2016, le prix du gazole est remonté, mais pas suffisamment pour constituer un élément déclencheur d’une réelle transition énergétique. Dans le transport du dernier kilomètre, la transition énergétique reste une perspective, mais est loin d’être une réalité.
Passons les disparitions de deux belles entreprises et de l’autoroute ferroviaire. Peut-être nous sommes-nous trompés sur un sujet. Les travaux de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n’ont pas débuté. L’aéroport est devenu un sujet politique plus qu’un sujet économique. Il y a longtemps qu’un aéroport d’une ville à moins de 2 heures de TGV de Paris n’est plus un élément d’une politique de développement économique.
Pour 2016, nous avons choisi de mettre en évidence 5 mauvaises nouvelles qui marquent l’année sur le plan de la logistique urbaine.
- L’explosion de la vacance commerciale dans les centres villes
Le phénomène de la vacance commerciale touche notamment les villes moyennes françaises, dans toutes les régions, à l’exception des villes touristiques. Elle augmente depuis 2012 de 1% par an pour atteindre 9,5%. Ce phénomène est la résultante de 30 ans d’échec des politiques publiques concernant le commerce. Un des principaux enjeux sera d’aider le commerce à prendre le virage du cross-canal. 2016 a mis en évidence ce phénomène, avec l’exemple de Béziers, ville emblématique qui affiche un taux de vacance de 25%.
- La pollution de l’air s’aggrave dans les grandes agglomérations
L’année 2016 a été marquée par des pics de pollution locale inégalés jusqu’alors. Bien sûr, le transport de marchandises en ville n’est pas le seul fautif. Il en constitue un des facteurs, au même titre que le chauffage ou la circulation des voitures. Ces pics de pollution, jusqu’aux derniers jours de l’année 2016, montrent l’urgence de mettre en place des solutions permettant de limiter les impacts sur l’air des modes de transport. Il s’agit là d’un enjeu de santé publique, afin de réduire le chiffre abyssal de la mortalité prématurée due à la qualité de l’air.
- La difficulté du modèle du CDU.
L’arrêt du projet City Logistics à Lyon, qui visait à regrouper les flux de différents messagers pour la distribution de Lyon, est emblématique. La distribution du dernier kilomètre supporte difficilement des surcoûts et toute solution de Centre de Distribution Urbaine nécessite une politique locale très rigoureuse sur le plan de l’accessibilité. Ces politiques sont nécessairement impopulaires et mettent en difficulté le commerce local. Qui plus est, un CDU nécessite l’adhésion des transporteurs, concurrents entre eux, qui maîtrisent une grande partie des flux de marchandises et ont des systèmes informatiques différents. Les autres CDU qui ont été initiés, à Saint-Etienne, Lille, La Rochelle ou Annecy, semblent se heurter aux mêmes difficultés. La ville de Grenoble a fait le choix d’un CDU piloté par La Poste. La vraie question de ce CDU est de savoir s’il parviendra à mutualiser d’autres flux que ceux de La Poste, c’est-à-dire ceux des messagers (Geodis, K+N, DN Schenker, Dachser, Heppner, etc.) et des expressistes et monocolistes (DHL, GLS, TNT, Fedex, UPS, etc.). S’il y parvient, ce CDU deviendra alors une bonne nouvelle de l’an prochain ! S’il n’y parvient pas, il ne s’agit alors pas d’un CDU, mais d’une installation privée de mutualisation des flux du groupe La Poste.
- L’arrêt du train Monoprix pour desservir les magasins parisiens.
Malheureusement, du fait de nombreux manquements dans la qualité de service de la SNCF, Monoprix a décidé de mettre fin à l’approvisionnement ferroviaire de Paris, qui existait depuis 2007. Certes, Monoprix va mettre en place un approvisionnement du site de Bercy en camions du biogaz, mais l’élément essentiel, visant à réduire le nombre de véhicules entrant dans le cœur dense de l’agglomération n’est plus là. La logistique urbaine ferroviaire perd son exemple emblématique. La transition énergétique ne consiste pas seulement à changer d’énergie pour faire rouler des camions. Un des principaux enjeux est de remplacer les camions par d’autres modes de transport. C’est ce qu’a montré Monorpix pendant 9 ans.
- L’accélération de l’atomisation des flux
Livraisons de repas, livraisons en une heure, Amazon Prime now. Tous ces phénomènes, qui ont pour objectif de satisfaire, souvent à un coût très bas, le consommateur que nous sommes tous, ont un impact sur l’environnement. Des flux nouveaux apparaissent dans les villes, certes parfois à vélo, mais qui s’ajoutent aux flux B to B et B to C habituels. Un des principaux enjeux de la logistique urbaine est une meilleure mutualisation des flux. Ces nouveaux besoins ont clairement l’effet inverse. Il est difficile de concilier vitesse et consolidation.
Nous avons choisi 5 évènements particulièrement emblématiques
- Franprix double le nombre de conteneurs sur la barge desservant Paris
Franprix, qui avait fait le pari, avec XPO, d’effectuer de la livraison urbaine multimodale en utilisant la Seine, a décidé de doubler l’activité multimodale et de desservir ainsi 300 magasins parisiens et de la petite couronne avec pas moins de 52 conteneurs. Si le mode ferroviaire semble confronté à des difficultés, le modèle mis en place par Franprix montre la pertinence du mode fluvial. Même si Franprix reste désespérément seul, le modèle mis en place permet d’éviter un nombre important de camions qui entrent dans le cœur de la capitale.
- Les travaux du canal Seine-Nord sont annoncés pour début 2017
Après de nombreuses années d’étude et de difficultés de financement, la nouvelle est tombée il y a quelques semaines. Les travaux du canal Seine-Nord débuteront en début 2017. C’est alors une excellente nouvelle, permettant d’ouvrir des perspectives à l’utilisation plus importante du mode fluvial.
- Le GNV est devenu incontournable dans la logistique urbaine
Développement des flottes de véhicules, comme celles de Carrefour ou La Poste, création de nouvelles stations GNV, adaptation des réglementations. Le GNV est devenu en un an un paramètre indispensable de la logistique urbaine. Sous sa forme comprimée, il permet d’utiliser, avec des surcoûts de plus en plus faibles, des véhicules aux technologies maîtrisées qui ont une autonomie de 300 à 400 km, tout à fait suffisante en zone urbaine . Le potentiel est énorme, notamment avec le développement de filière de biogaz. Le parc de camions fonctionnant au GNV sera multiplié par 4 ou 5 an 2 ans, montrant ainsi le potentiel que représente cette technologie.
- La logistique urbaine se robotise
Les modèles de robot de livraison et les tests effectués en 2016 montrent que ces technologies peuvent apporter des solutions réelles afin de livrer le dernier kilomètre moins cher et plus propre. La Poste Suisse a testé en 2016 les robots de Starship Technology. En France, TwinsWheel a présenté à Lyon son prototype de robot droïde livreur de colis. Le premier camion autonome de livraison de colis est annoncé au Japon pour mars 2017. Le rêve devient alors réalité.
- Les villes s’activent dans la mise en oeuvre d’une politique de logistique urbaine
Paris montre l’exemple avec la mise à disposition de 5 espaces sur le territoire parisien, qui constituent une initiative nouvelle. Lille, après la mise en place du CMDU, envisage d’accueillir de nouveaux projets sur différents territoires de la métropole. Grenoble, une des villes les plus affectées par les pics de pollution, décide de mettre en place une stratégie à l’échelle de l’agglomération. Saint-Etienne prépare un projet de tramfret, qui doit débuter en 2017. Ce ne sont là que quelques-unes des initiatives les plus emblématiques montrant ainsi que 2016 sera un tournant dans la prise de conscience de la probémtatique de logistique urbaine et des solutions possibles.
La newsletter Logicités de la logistique urbaine et du dernier kilomètre paraît dès janvier 2017. Abonnez-vous sur le site web www.logicites.fr !
Bonne et heureuse année 2017 !
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