C’est grâce à l’association Rétrofutur que ces deux inventeurs de la région de Saumur ont trouvé leur place dans le Panthéon de la mobilité urbaine des marchandises.
La pénurie d’énergie pendant et juste après la Seconde Guerre Mondiale a amené certains inventeurs à trouver des sources d’énergies nouvelles. Louis Hubault et G. Dubled font partie de ceux-ci et se sont alors intéressés à l’hydrogène.
Ils ont pour cela transformé en 1945 un camion suisse de marque Saurer, datant de 1929. L’hydrogène était produit par eux-mêmes avec un moulin à eau, une turbine de 35cv, un électrolyseur, deux dynamos, une installation de distillation pour obtenir de l’eau très pure, deux gazomètres, un pour l‘oxygène un pour l’hydrogène et un compresseur pour comprimer l’hydrogène à 350 atmosphères dans des réservoir fixes pour ensuite alimenter les bouteilles fixées au camion à 200 atmosphères.
Une des grandes inventions de Hubault et Dubled était l’électrolyse. Grâce à un courant électrique, les molécules d’eau sont décomposées en oxygène et en hydrogène. 2 dynamos bénéficiant de la force d’un moulin à eau produisent l’électricité nécessaire à l’électrolyse.
L’hydrogène est brûlé directement dans le moteur à explosion.
En 1950, avec un professeur du lycée technique de Narcé (49), M. Maxence de Feyter, ils ont construit un arbre à cames pour entraîner les soupapes amenant l’hydrogène.
En 6 ans ils ont parcouru plusieurs milliers de kilomètres sans incidents.
Digne de Jules Verne, cette invention passée inaperçue est aujourd’hui considérée comme particulièrement innovante et une des étapes de la transition énergétique. Il aura toutefois fallu 70 ans pour que les constructeurs considèrent l’hydrogène comme une des solutions de la transition énergétique.
Le constructeur américain Nikola Motors a ainsi présenté fin 2017 deux prototypes de camions à hydrogène, fonctionnant avec un pile à combustible. Ces camions sont annoncés avec une autonomie de 1600 kilomètres et un coût de 20% inférieur à celui des camions fonctionnant au diesel.
Mais force est de constater que ces constructeurs ne sont pas européens. Les grands constructeurs de Poids-Lourds européens n’ont pas beaucoup avancé ni investi dans cette technologie pourtant prometteuse. Moins adapté à l’urbain qu’au périurbain et à l’interurbain, l’hydrogène permet d’atteindre une autonomie qui constitue souvent l’obstacle majeur des véhicules électriques. Il permet d’éviter aussi de transporter des poids de batteries de plus en plus élevés.
L’Ademe ne s’y est pas trompée en lançant ce printemps un appel à projets. Mais l’histoire nous montre que, plus qu’une manne financière publique, il faut surtout le courage et l’ambition d’inventeurs. Hubault et Dubled nous ont ouvert la voie.