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Peu d’entre nous se souviennent de cet inventeur hors du commun. Cet angevin, diplômé des Arts et Métiers, fut un des inventeurs les plus prolifiques de la fin de 19ème siècle. Nous lui devons 32 brevets, allant de l’endoscope à la fraise dentaire miniaturisée, des fontaines lumineuses électriques aux bijoux lumineux et de nombreuses autres innovations.

Mais ce qui va nous intéresser, ce sont ses inventions dans le domaine de la mobilité, et elles sont particulièrement nombreuses.

Lors de l’exposition internationale d’électricité de 1881, Gustave Trouvé présente, avec les frères Tissandier, un dirigeable de 3,50 m de long fonctionnant au dihydrogène et propulsé par un moteur miniature alimenté par un accumulateur. L’hélice pouvait propulser le dirigeable à la vitesse de 7 km/h. Son autonomie atteignait 40 minutes.

Dirigeable Trouvé-Tissandier

Il présente aussi deux maquettes à de dispositif aérien à ailes battantes, des précurseurs de l’hélicoptère.

Gustave Trouvé inventa en 1881 le premier bateau électrique, un canot à hélice actionné par 2 piles à treuil contenant du bichromate de potassium et de l’acide sulfurique. Le moteur, de type Siemens modifié, était placé sur le gouvernail. Le canot pouvait transporter 3 passagers. Il a été essayé sur la Seine et atteignait une vitesse variant de 1,5 m à 2,5 m par seconde. C’était là l’ancêtre du bateau hors-bord.

Premier bateau électrique de Gustave

La même année, Gustave Trouvé inventa le tricycle électrique. Pour réaliser cette extraordinaire invention, Trouvé motorisa un tricycle dissymétrique anglais, de marque Coventry. Le poids, y compris le conducteur et les piles, était de 160 kg et la vitesse atteinte de 12 km / h. Il utilise 2 moteurs Siemens qui délivrent une énergie de 70 joules.

Tricycle de Gustave Trouvé, 1881

L’atelier de Gustave Trouvé, situé 14 rue Vivienne à Paris, à côté du Palais Royal, est utilisé pour toutes ses inventions. G. Trouvé, avec son nom prédestiné, et sa marque Eureka, est donc à l’initiative du premier véhicule électrique, un tricycle, en 1881. L’historien des transports Kevin Desmond, a consacré à Gustave Trouvé un livre.

Au-delà des anecdotes historiques, ce qui nous intéresse dans l’histoire de Gustave Trouvé, c’est la capacité d’innovation pour transformer les moyens de locomotion existants, sur les routes, sur l’eau et dans les airs.

Près de 140 ans après le premier tricycle électrique, la profession du transport et de la logistique redécouvre l’intérêt de la cyclologistique pour distribuer de façon plus propre et plus adaptée les centres villes.

Le récent congrès fondateur des Boites à Vélo France, qui a lieu, est-ce une destination prédestinée pour la cyclologistique… à Angers, nous a montré tout l’intérêt de ce mode de livraison. Adapté à de nombreuses typologies de produits, le vélocargo, terme générique que nous adoptons, permet de s’insérer facilement dans les ruelles et dans la circulation. Bien entendu, il permet de livrer avec des moyens 100% décarbonés, mais, ce qui est moins connu, c’est qu’il constitue un formidable levier pour la création d’entreprises et d’emplois. Le congrès d’Angers a permis de rassembler 100 entreprises dans toute la France, autour de la livraison, mais aussi des artisans à vélo, des food bike ou des jardiniers à vélo.

La cyclologistique doit donc beaucoup à Gustave Trouvé, pionnier de la mobilité électrique, dont nous comprenons aujourd’hui le potentiel pour mieux gérer les flux de véhicules et de marchandises dans les villes.

L’avenir des autoroutes et voies rapides de l’Ile-de-France, et notamment le boulevard périphérique, est un sujet qui concerne la mobilité des personnes mais aussi le transport de marchandises et la distribution des habitants et activités économiques.

Logicités est expert associé dans le cadre de l’Atelier des Mobilités, une des quatre équipes qui ont été choisies dans le cadre de la consultation internationale sur le devenir des autoroutes et voies rapides du Grand Paris.

Les autoroutes et voies rapides, le boulevard périphérique, constituent des axes logistiques essentiels de l’Ile-de-France, qui cumulent plusieurs fonctions. Travailler sur l’avenir de ces axes structurants revient à comprendre comment ils s’intègrent dans les besoins de mobilité et technologies futurs.

Logicités apportera à l’équipe Devillers & Associés, Setec, 6-T et APRR une vision et une analyse sur les problématiques de logistique urbaine et de transport de marchandises.

Cette consultation internationale à l’initiative du Forum Métropolitain du Grand Paris, qui fédère les représentants de l’Etat, des départements, de la Métropole du Grand Paris, de la région Ile-de-France, la Mairie de Paris, les intercommunalités de l’Ile-de-France et l’Association des Maires de l’IDF.

Les équipes vont pouvoir travailler sur plusieurs échéances, notamment 2030 et 2050, afin d’imaginer ce que seront ces axes et de quelle façon ils pourront évoluer.

Les résultats de cette étude feront l’objet, au printemps/été 2019, d’une exposition au Pavillon de l’Arsenal.

Logicités est fier de participer à ces travaux prospectifs aux côtés de bureaux d’études et d’experts reconnus sur le plan international.

Logicités travaille régulièrement sur des travaux prospectifs et vient de publier un ouvrage sur la Logistique urbaine au Japon.

Le 20 juillet, jour même de l’annonce des mesures essentielles de la future loi sur les mobilités, à l’exception du plan vélo, reporté à l’automne, la ministre Elisabeth Borne inaugurait… une autoroute.

Hasard du calendrier, clin d’œil au lobbying pro-voiture et pro-diesel, clin d’œil aux années 1970 ?

L’autoroute A 304, de 31 km de long, est prévue pour accueillir 16 à 20 000 véhicules par jour, dont 25% de véhicules poids-lourds. Son coût ? 483 millions €. Son objectif affiché : pouvoir relier Marseille à Rotterdam de manière ininterrompue (source Conseil départemental des Ardennes).

Cette autoroute est évidemment gratuite pour l’usager…

L’Est Républicain nous précise d’ailleurs que, grâce à cette autoroute, les nord meusiens pourront rejoindre l’aéroport de Charleroi. Les habitants de Charleville ne seront ainsi, par la route bien entendu, qu’à une heure de l’aéroport de Charleroi.

Le Président du Conseil Départemental des Ardennes nous indique que « Cette ouverture de l’A304 est extrêmement importante pour les Ardennes, en terme d’attractivité et de désenclavement ».

La ministre Elisabeth Borne, écrit alors un Tweet mentionnant « Très heureuse d’inaugurer cet après-midi les 31km de l’#A304, un projet tant attendu pour le désenclavement des #Ardennes et la qualité de vie au quotidien des habitants. »

Nous pouvons nous étonner de ces discours et choix d’investissements, pour des montants considérables alors même que la France est pointée du doigt par Bruxelles pour non-respect de ses engagements en matière d’émissions de dioxyde d’azote.

Faut-il encore, au 21ème siècle construire des autoroutes alors que nous souhaitons tous une transition énergétique vers des modes de déplacements plus adaptés aux engagements pris de réduction des émissions de GES ?

Faut-il créer des axes routiers gratuits afin de se rapprocher des aéroports ?

Plus grave, le message de la ministre Borne parlant d’autoroute qui aide le désenclavement des territoires nous rappelle le discours d’inauguration de l’autoroute A6 par le président Pompidou en 1970, il y a 48 ans.

Louis Pradel, maire de Lyon, nous disait, dans un discours bien connu « et maintenant, Lyon est prêt à recevoir 200 000 véhicules par jour san provoquer de bouchon… ».

Faut-il comme le disait si bien Georges Pompidou, se « boucher les yeux » devant l’évidence ? « L’autoroute doit être continue, doit être ininterrompue, c’est sa première caractéristique » L’autoroute doit rejoindre les réseaux routiers étrangers ». L’autoroute est un élément de création économique ». Pour ceux qui ne l’ont pas en tête, écoutez ce magnifique discours d’inauguration, d’ailleurs très proche sur les messages de celui de l’inauguration de l’A304. 

Avec 48 ans de décalage, nous avons toutefois appris que

  • les autoroutes ne servent en aucun cas à désenclaver les territoires. Les seules villes petites et moyennes qui ne souffrent pas actuellement (à l’exception des villes touristiques) sont justement … les villes enclavées.
  • Les autoroutes favorisent l’étalement urbain, notamment lorsqu’elles sont gratuites, comme c’est le cas de l’A304. Or l’arrêt de l’étalement urbain (nous consommons tous les 10 ans l’équivalent d’un département en urbanisation) constitue un enjeu majeur.
  • Les autoroutes ne raccourcissent pas les déplacements mais les multiplient en les facilitant.

Madame la Ministre, votre message est malheureusement décalé par rapport à notre époque. Il nous renvoie à l’époque de l’essence pas chère, de la recherche de liberté grâce à l’automobile, du désintérêt ou absence de prise de conscience sur les problèmes environnementaux. En somme à une autre époque…

Nous aimerions que, comme dans d’autres pays les Ministres se déplacent pour inaugurer … des autoroutes à vélo.