Appel à projet logistique urbaine Ville de Paris : qui sont les présents et les absents ?
La Mairie de Paris, représentée par ses deux adjoints Christophe Nadjovski et Jean-Louis Missika, a présenté hier au pavillon de l’Arsenal les 22 projets sélectionnés par Paris & Co afin de tester pendant 6 mois des opérations de logistique urbaine sur l’espace public.
22 élus, c’est tout d’abord une première qu’il convient de saluer. Nous retrouvons des grands groupes comme des start-ups porteurs d’idées ingénieuses.
Trois opérateurs de consignes, InPost, Pickup et un nouveau venu, City Locker, figurent dans cette liste, afin de convaincre la Mairie de Paris que les consignes sont du mobilier urbain au même titre que les kiosques à journaux ou les abribus. C’est déjà le cas dans la plupart des pays, dont l’Allemagne, mais pas encore en France.
Deux solutions multimodales d’utilisation de la Seine figurent dans cette liste, celle de Blue Line Logistics, déjà mise en œuvre en Belgique et celle bien connue du Cluster Logistique Urbaine Ile de France, basée sur la conteneurisation, évitant ainsi toute solution immobilière.
Deux solutions de transfert modal, de camion à petit véhicule urbain ou à cargocycle, voire à pied, ont été présentées par UPS et Libner (Base Intelligente de livraison)
Plusieurs concepts de consolidation des flux nécessitant des surfaces immobilières ont été sélectionnés. C’est le cas des projets d’Urbismart, de FM Logistics, de Coursier.fr ou de Step Phoenix. Décharger les marchandises à un endroit, puis les recharger en consolidant les flux et livrer en véhicule électrique est le concept du CDU, déjà mis en œuvre dans plusieurs villes, notamment à Lyon avec City Logistics.
Citodi, qui propose un service de livraison en ship-from-store au départ d’une flotte de coursier, fait partie des projets choisis. Coursierprivé.com a proposé un projet de mutualisation des courses.
Shippeo, solution collaborative de gestion du transport routier permettant de fluidifier le trafic est un des très rares projets présentés à avoir annoncé de façon concrète un démarrage avec un client, Monoprix.
D’autres solutions informatiques ont été sélectionnées, celle de Spartime, de contrôle d’accès sans clé ni badge, celle d’Instafret, qui permet de connecter des expéditeurs et des capacités de transport et Geoconcept, solution d’optimisation des tournées.
Une solution très originale de livraison de surplus alimentaires a été présentée par Au Pas de Courses et Biocycle.
Martin Brower, le prestataire logistique de Mc Donalds, a proposé d’effectué un test de livraison de nuit, en véhicule correspondant aux normes PIEK.
Le projet RainbowLog, de Green Logistique, propose de tester des palettes éco-conçues et géolocalisées, afin de réduire la consommation de bois.
Enfin, Voisins Relais, seul représentant du mode collaboratif, a présenté son projet de points relais gérés par des particuliers au lieu des commerces. C’est un retour aux origines des points relais qui, dans les années 1980, étaient gérés par des particuliers.
Ces 22 projets représentent un vaste panel de solutions intéressantes avec cependant de grands absents.
Tout d’abord, aucune solution ferroviaire n’a été proposée. Ceci est regrettable alors même que l’utilisation du mode ferroviaire permettrait de réduire sensiblement le nombre de camions entrant quotidiennement dans la capitale.
Le second grand absent est la logistique collaborative. La logistique collaborative, qui permet d’utiliser des trajets existants de particuliers pour livrer des colis constitue un des principaux segments de la logistique urbaine et un des plus pertinents sur le plan environnemental. Elle permet de façon très simple de supprimer des camions en utilisant la livraison à pied, en transports en commun ou en vélo. La Mairie de Paris n’a pas choisi de sélectionner ces projets alors même que d’autres acteurs publics, comme La Poste, investissent massivement dans ce segment de la logistique urbaine.
La livraison à pied et à vélo est très marginalement représentée. Cela a été une grande surprise. La livraison en cargocycle constitue un ensemble d’opportunités très vastes permettant de réduire le nombre de camions dans les villes.
Les résultats prometteurs de cet appel à projets doivent donc inciter la Ville de Paris à lancer sans délai un second appel à projets, ouvert aux solutions déjà existantes, aux solutions ferroviaires et au monde collaboratif.
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