L’actualité nous apprend qu’il est possible de dissoudre une application mobile… La réussite d’Uber n’est pas son modèle social, mais son application mobile mondiale, qui permet d’apporter un service jusque-là inconnu. En interdisant Uberpop, on interdit une application mobile. C’est sans aucun doute une première.
La vraie question n’est plus de savoir si Uberpop sera véritablement interdit ou si le feuilleton judiciaire finira par donner raison à Uber. La seule question intéressante est de savoir ce que va inventer Uber, qui ne manque pas d’idées et d’initiatives nouvelles à travers le monde.
Une des solutions à la mobilité en ville sera donc peut-être plus Uberpool (pour simplifier le taxi collectif) qu’Uberpop. Mettre plusieurs personnes dans le même véhicule permet de réduire les coûts, mais aussi les externalités négatives dans les villes.
L’absence de consensus sur le sujet des taxis n’a qu’un seul responsable, l’Etat, qui a laissé depuis des années se dégrader une situation et a accepté la spéculation sur les fameuses « plaques » dont le prix a augmenté proportionnellement à la pénurie de taxis dans les villes.
Cette situation a constitué un terreau pour le développement de services tels qu’Uberpop.
Uberpop n’existe pas à Londres car le service des taxis est performant et assure sa mission dans la politique de déplacements de la ville. Dans d’autres villes comme New York, les taxis ont décidé de se battre sur un autre terrain, celui de la technologie.
Le succès du covoiturage montre que l’économie collaborative peut trouver un équilibre et un apport collectif en participant à la politique de déplacements.
La mobilité des personnes, au travers du partage des moyens de locomotion prend progressivement une place dans notre vie quotidienne. Velib, Autolib, mais aussi Blablacar ou Drivy sont les meilleurs symboles de ces nouveaux modèles, qui ont pour point commun le partage.
Partager, c’est mieux utiliser, réduire les coûts, mais c’est aussi moins polluer lorsqu’on le fait de façon intelligente.
La mobilité des marchandises n’échappera pas au mouvement de notre société vers l’économie collaborative.
Elle répond à des problématiques différentes. Elle est tout d’abord montrée du doigt par tous les acteurs publics comme une des principales sources d’externalités négatives dans les villes, le CO2, mais surtout les émissions de particules fines et l’encombrement de la voirie. Elle répond à des exigences de délai, de traçabilité, de coût, de service, toujours plus contraignantes.
Lors des derniers jours, deux nouvelles significatives marquent clairement une évolution vers ce mode de livraison urbaine.
Tout d’abord, Amazon a annoncé l’étude de livraison de colis à bas coûts à partir de communautés de particuliers. Toujours précurseur dans la mise en œuvre de solutions innovantes, Amazon souhaite montrer qu’il est possible de faire mieux et moins cher que des réseaux de transport traditionnels. La problématique d’Amazon est financière mais elle est également de faire bouger les lignes de la mobilité. En effet, la majorité des colis d’Amazon peuvent être livrés dans les centres villes par d’autres moyens que des camions, notamment les modes doux de distribution (à pied, en transports en commun, en vélo).
La seconde nouvelle est le développement rapide d’un des principaux acteurs américains de crowdsourced delivery, la start up Deliv, qui vient de racheter un de ses concurrents de Chicago, We Deliver. Deliv propose à des particuliers de livrer des courses à partir de centres commerciaux vers d’autres particuliers. We Deliver, implanté à Chicago, s’est orienté avec le même concept vers l’apport de services aux commerces de proximité.
L’Europe et la France ne restent pas absentes de cette évolution très rapide du transport du dernier kilomètre, qui deviendra bientôt une des composantes essentielles de la logistique urbaine.
La start-up Drivoo a démarré son activité dans le sud-ouest et propose un modèle de livraison collaborative basé sur une optimisation des parcours. Ses clients sont des commerces de proximité, des enseignes de la distribution. Le modèle de la livraison collaborative, lorsqu’il est bien construit, présente de nombreux avantages :
- Réduction immédiate et importante des externalités négatives en mutualisant les trajets et en utilisant des modes doux en remplacement des camions (transports en commun, vélos, à pied…)
- Développement des liens de quartier entre les commerces de proximité et les habitants
- Développement d’une communauté collaborative
- Réduction des délais de livraison
A l’approche de la COP21, nous voyons se développer rapidement de nouveaux modèles, dont le fondement n’est pas une dégradation sociale, mais une organisation différente des transports, afin de mettre en avant la réduction sensible des externalités négatives dans les villes.
Mon livre : La logistique urbaine – les nouveaux modes de consommation et de livraison- Editions FYP