Archive d’étiquettes pour : logistique urbaine

La COP21 est l’occasion de se poser les questions de fond sur la transition énergétique. Le camion électrique est au cœur de toutes les préoccupations.

Rouler électrique, c’est supprimer les émissions de CO2 et d’autres polluants locaux. C’est donc sans aucun doute le souhait de tous.

La COP 21 est l’occasion de mettre l’accent sur de nombreuses initiatives vertueuses.

Il faut à cet égard souligner l’initiative de Guerlain et de son prestataire Speed Distribution, qui testent avec Renault Trucks un véhicule électrique de  16 t (6 tonnes de charge utile) utilisé quotidiennement entre l’usine de Chartres, le quai de Speed Distribution à Ivry-Sur-Seine et les boutiques parisiennes de Guerlain. Ce camion électrique expérimental a été présenté lors de la visite organisée par l’ADEME le 10 décembre.

Camion électrique Renault Trucks 16 tonnes utilisé pour Guerlain

Camion électrique Renault Trucks 16 tonnes utilisé pour Guerlain

Il a une autonomie annoncée de 120 kilomètres. Le poids des batteries Lithium Ion est de 2 tonnes, expliquant ainsi la différence entre le PTAC de 16,3T et la charge utile de 6 tonnes.

Ce véhicule doit respecter un cycle de recharge quotidien de 7 heures mais accepte un « biberonnage » intermédiaire, lui permettant ainsi d’être utilisé sur des parcours plus importants comme celui nécessité par les flux logistiques de Guerlain.

Il est intéressant de constater que l’électrique ne concerne plus exclusivement les petits véhicules de distribution ou les petits véhicules poids-lourds comme le Maxity électrique de Renault Trucks mais également les charges lourdes qui constituent l’essentiel des flux en volume dans une agglomération.

Il s’agit là d’une expérience très prometteuse. Renault Trucks envisage la mise sur le marché de ce véhicule d’ici 5 ans.

Mais le camion électrique est-il nouveau ?

Il est surtout très ancien.

Déjà en 1925, il y a quatre-vingt-dix ans, Renault commercialisait des camionnettes électriques qui circulaient dans Paris. Il y avait à cette époque 15 bornes de recharge électrique dans la capitale.  Ces véhicules électriques avaient, comme aujourd’hui, 100 kilomètres d’autonomie mais ne roulaient qu’à 25 ou 30 kilomètres/h.

Pourquoi si peu de progrès ont été effectués en près d’un siècle alors que d’autres domaines de l’industrie ont connu des bouleversements autrement plus complexes et rapides ?

Les véhicules électriques ont connu un certain développement dans des contextes économiques spécifiques : rareté du carburant, guerres, et maintenant préoccupations environnementales.

Le développement d’une technologie, et en l’occurrence du camion électrique, est le résultat de priorités d’investissement, public, mais aussi de la part des constructeurs. Les constructeurs ne savent investir dans un produit que dans la perspective d’un marché potentiel et d’une rentabilité attendue.

Le véhicule poids-lourd électrique trouvera-t-il un marché potentiel à court terme, sachant qu’il sera concurrencé par les véhicules thermiques à faibles émissions (norme Euro 6, biodiesiel), hybrides, ou au gaz ? C’est là toute la difficulté à laquelle ils seront confrontés.

Mais le marché du véhicule électrique poids-lourd n’existera que si plusieurs conditions sont réunies :

  • Un prix acceptable par le marché
  • Une autonomie suffisante
  • Une charge utile compatible avec les besoins de la distribution

Il y a donc urgence à accélérer les moyens de recherche afin de faire en sorte que ces véhicules restent européens et soient rapidement mis sur le marché. La pile à combustible fonctionnant à l’hydrogène, en test avec le camion Maxity, comme solution de prolongation d’autonomie pourra répondre partiellement à ces interrogations.

La Galerie COP21 rassemble, au musée de l’air et de l’espace du Bourget, à seulement quelques encablures du site de négociation des accords sur le climat, des acteurs internationaux présentant des solutions de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les principaux acteurs internationaux présents sont l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats, Dubai, mais aussi le Maroc, le Danemark et les Etats-Unis. La forte présence des pays du golfe surprend le visiteur plus habitué, dans les secteurs des énergies renouvelables, à la présence de grands acteurs européens ou asiatiques.

Les solutions de mobilités sont, de façon surprenante, bien peu présentes sur ce salon. En ce qui concerne la distribution des marchandises, seules quelques solutions françaises sont exposées.

Notons la présentation du véhicule de livraison électrique Colibus, fabriqué dans le Gers par la société Helem. Après la mise en liquidation récente de Muses, fabricant du véhicule Mooville, le Colibus reste le seul véhicule électrique sur le créneau 6 à 8 m3, fabriqué en France et proposé aux opérateurs de transport.

IMG_20151204_131132

La disparition de Muses du paysage de la logistique urbaine est un évènement essentiel qui est dû à l’absence d’intérêt que portent les industriels français du secteur de l’automobile à cette gamme de véhicules. Ceci est particulièrement regrettable à une période cruciale marquée par la nécessité d’une transition énergétique rapide.

Le véhicule Colibus, présenté lors de la COP21, correspond bien aux besoins des expressistes et distributeurs de petits colis. Il est présenté en 2 versions 6 et 8 m3 et est annoncé avec une autonomie de 140 km, suffisante pour les besoins de livraison urbaine.

La galerie COP21 nous présente également les solutions de la toute nouvelle société CARWATT. Cette société cherche à réduire le coût des véhicules de livraison électrique en récupérant des batteries de véhicules automobiles qui ont déjà roulé et perdu de leur performance.

Véhicule Renault Trafic rétrofité par Carwatt

Véhicule Renault Trafic rétrofité par Carwatt

En modifiant des véhicules existants, comme le Renault Trafic présenté, ou en utilisant ces batteries pour l’alimentation de groupes frigorifiques de Kangoo ZE, Carwatt met sur le marché des véhicules électriques adaptés à des besoins très locaux et une autonomie faible. Partant du principe que de nombreux véhicules n’ont besoin que de 30 à 50 km d’autonomie par jour, cette solution peut permettre d’élargir le marché de la mobilité électrique en réduisant le coût.

Autre société présente sur la galerie COP21, PVI s’est spécialisée dans la transformation de véhicules thermiques en véhicules électriques, GNV ou GPL. Elle intervient majoritairement sur les segments des bennes à déchets ou autobus, mais s’intéresse également aux véhicules de livraison.

La galerie COP21 est ouverte jusqu’au 9 décembre. Une bonne occasion pour découvrir des solutions innovantes. C’est par exemple le cas de la société taiwanaise JW Eco-Technology, qui présente des solutions pour rendre les routes et aires de stationnement perméables.

L’événement de la COP 21 ne se situe pas encore au Bourget. Il est dès aujourd’hui et jusqu’au 13 décembre à la Villette. Dans le cadre du Paris de l’avenir, un parcours d’innovations autour de la mobilité et de la logistique est organisé en plein air.

Bravant le froid et les embouteillages parisiens, le démonstrateur de tramfret nous est arrivé, presque sur ses rails, de Saint-Etienne. Présenté par Efficacity et Joël Danard, ce tramway vaut à lui seul la visite pour tous les passionnés de logistique urbaine.

Il s’agit là d’une ancienne rame de type PCC des années 1960, qui pourra dès son remplacement prochain, être transformée afin de servir de support à une opération de logistique urbaine. La ville de Saint-Etienne se prête bien à une telle initiative, disposant d’un réseau qui dessert facilement tant les zones périphériques que le centre-ville.

IMG_20151127_110648     IMG_20151127_110835

IMG_20151127_110719      IMG_20151127_110942

La voiture présentée actuellement pourra alors être transformée en retirant les aménagements intérieurs afin de libérer l’espace et en créant de larges ouvertures afin de pouvoir charger des marchandises. L’étape suivante pourra alors être de conteneuriser la marchandise afin d’éviter les manutentions.

Le tramfret, peut constituer, dans des villes disposant d’un réseau interconnecté et dense, une alternative pertinente à la route, sur des rames dédiées intercalées entre les rames voyageurs ou la nuit, lorsque les trafics de passagers sont arrêtés ou espacés.

Si le tramway a souvent été utilisé pour les marchandises dans le passé, peu d’expériences ont été mises en œuvre en Europe. Les deux expériences les plus emblématiques sont celles de Zürich et de Dresde. Le Cargo-Tram de Zürich utilise aussi, de façon très pragmatique, une ancienne rame afin de tracter une déchetterie (encombrants et DEEE). Le Cargotram de Dresde permet de relier un entrepôt de pièces automobile à une usine de montage, avec des flux réguliers.

La présentation du projet de  tramfret de Saint-Etienne interpelle. En effet, si sa mise en œuvre opérationnelle n’est pas encore effective, la présence d’un matériel réutilisable constitue une première étape. L’exposition va plus loin en équipant d’adhésif le tramfret et simulant les marchandises. Des rolls et colis sont également positionnés à l’intérieur, pour montrer que ce sera bientôt une réalité.

Il ne restera donc plus qu’à organiser une chaîne logistique complète afin d’utiliser le futur tramfret et permettre une réduction significative du nombre de camions dans l’agglomération.

Cette exposition nous révèle quelques autres surprises.

Tout d’abord, le camion Maxity électrique de Renault Trucks, avec pile à combustible, testé en environnement réel par La Poste dans le Jura, est présenté. Ce camion est rechargeable à l’hydrogène, en quelques minutes seulement. La pile à combustible permet à ce véhicule expérimental de doubler l’autonomie, de 100 à 200 km. Ce projet a fait l’objet d’un large exposé lors du récent colloque sur la logistique urbaine à l’Ecole Centrale de Lyon, organisé par l’ASLOG. Sa présentation à Paris est en soi un évènement.

Le même stand nous expose un véhicule Kangoo à hydrogène.

Véhicule Maxity électrique à pile à combustible

Véhicule Maxity électrique à pile à combustible

Un stand DHL nous montre le véhicule de livraison électrique HELEM. Le Colibus, développé par cette société et construit en France, permet de répondre aux besoins des livraisons urbaines de proximité, pour des petits colis.

Véhicule Colibus Helem

Véhicule Colibus Helem

La liquidation récente, faute de repreneur, de la société Muses, constructeur du véhicule Mooville, montre que le modèle économique et l’absence d’intérêt pour ce type de véhicule par les grands constructeurs doit nous interpeler sur la nécessité des pouvoirs publics d’investir plus dans la transition énergétique et d’accélérer la mise en œuvre des réglementations nécessaires.

Les pionniers que sont les innovateurs de matériels et de solutions de logistique urbaine sont mis en évidence lors des opérations de communication comme celle de la COP 21 mais se heurtent à l’absence d’aides et de contraintes réelles dans la plupart des villes.

Enfin, le Paris de l’avenir nous montre une maquette du navire fluvial écologique « Deliriver », imaginé par Segula technologies et la Communauté d’Agglomération de Mantes en Yvelines (Camy).

La bonne nouvelle de cette exposition est que la logistique a enfin une présence affirmée au sein de l’ensemble des solutions de mobilité dans les villes.