Archive d’étiquettes pour : logistique urbaine

L’année 2015 a vu la naissance en France de deux réseaux de consignes collectives. Tout d’abord celui de la Poste, les Pickup Stations, que l’on commence à voir notamment autour des gares de la périphérie parisienne, mais aussi autour des bureaux de Poste des métropoles régionales. La Poste avait déjà mis en place un réseau depuis 2005, celui de Cityssimo, qui a été arrêté probablement du fait de l’absence de maillage (35 points seulement) et du modèle économique qui faisait supporter la location d’espaces commerciaux.

IMG_20160217_125725[1]

Un autre opérateur postal, le groupe InPost, présent dans 22 pays et premier opérateur mondial de consignes automatiques, s’est implanté en France avec sa marque Abricolis. Les consignes Abricolis sont installées autour de stations-services (partenariat avec Total), de centres commerciaux (Casino, Carrefour), de supermarchés, de gares. Le réseau InPost se développe très rapidement sur l’ensemble du territoire. Ainsi, environ 50 consignes sont déjà installées en région parisienne.

Inpost

Ces deux réseaux ambitionnent chacun 2000 à 2500 points afin de couvrir le territoire français. Fin 2015, nous pensions que ces deux réseaux, qui complèteront les 4 réseaux traditionnels de points relais, permettront de satisfaire la demande naissante de ce type de retrait.

Il n’en est rien. En quelques mois, deux nouveaux réseaux sont apparus, avec des spécificités par rapport aux réseaux Pickup et Abricolis.

Il s’agit tout d’abord du réseau Amazon Lockers. Déjà présent en Grande Bretagne avec plus de 1000 consignes, localisées dans les centres commerciaux, sur les parkings, à l’intérieur de magasins, Amazon a commencé à installer ses consignes à Paris.

Ainsi, lorsque nous commandons un produit sur Amazon, parmi les solutions de retrait proposées apparaissent les Amazon Lockers. La vitesse de déploiement des solutions Amazon laisse penser que le réseau des Amazon Lockers sera très prochainement aussi dense que celui de ses deux concurrentes.

IMG_20160219_111140[1]

Plus récemment, un quatrième réseau est né, celui de Bolloré avec BlueDistrib.

Déjà 10 consignes BlueDistrib sont installées, actuellement dans les stations d’Autolib.

Le concept de BlueDistrib est légèrement différent.

Il concerne à la fois les e-marchands, dont C-Discount, mais aussi les commerces de proximité. Bolloré dispose déjà des emplacements dans les stations Autolib, avec la contrainte de la taille. C’est un atout important permettant un déploiement significatif. Contrairement à ses concurrents, les consignes sont petites, avec seulement 16 cases. La raison en est probablement l’étroitesse des espaces Autolib. A terme, l’avantage de la consolidation des flux sera peut-être moins pertinent que pour les grands ensembles de consignes comme ceux de ses 3 concurrents.

IMG_20160406_153247[1]  IMG_20160406_153300[1]   IMG_20160406_153306[1]

La grande nouveauté est que, pour la première fois, la consigne est reconnue comme du mobilier urbain, au même titre que les stations de Velib, les stations d’Autolib et les kiosques.

Les consignes représentent un avantage environnemental majeur : un accès 24 h/24 évitant l’échec à la première présentation du colis, estimé par la Fevad à 23%. Par ailleurs, livrer plusieurs colis au même emplacement permet de réduire le nombre de livraisons et constitue un autre avantage environnemental. C’est aussi un service au consonaute que nous sommes tous, l’accès aisé à ses colis 24h/24, 7j/7.

Ces quatre réseaux, puisque c’est le nombre qu’il faut aujourd’hui retenir doivent-ils se développer en milieu urbain chacun de son côté ? Il y a probablement urgence à mutualiser les emplacements et permettre au consommateur, quel que soit le réseau choisi par son e-marchand, de récupérer facilement son colis. Il revient donc aux collectivités locales de prévoir dans les villes des espaces permettant d’accueillir non pas une consigne d’un réseau mais les 4 consignes des 4 réseaux au même emplacement. Certains transports pourront ainsi être mutualisés. Colis Privé est déjà transporteur d’InPost et appartient à Amazon.

 

De nombreux évènements ponctuent l’édition de la SITL, qui se tient du 22 au 25 mars 2016 à Pars Nord Villepinte.

SITL

Pour la première fois, un concours de start-ups a été mis en place afin de valoriser les très nombreuses initiatives autour du transport et de la logistique et la création d’entreprises. A l’heure où l’emploi est au cœur de toutes les préoccupations, l’émergence de nouveaux modèles permet de donner au secteur du transport et de la logistique un sens différent.

Les 8 nominés au Start-Up Contest 2016 sont Bifasor, Bubble Post, Easy2GO, Ekolis, Innov +, Voisins Relais, WeTRUCK et Wing.

Voisins Relais met en place un réseau très innovant  de « points relais » collaboratifs, gérés par des particuliers. Il s’agit en quelque sorte d’un retour aux sources des points relais, qui, dans les années 1980, étaient gérés par des particuliers. Ce modèle permet de créer un lien de quartier et d’éviter l’échec à la première présentation des colis.

Bubble Post est une start-up belge, déjà présente dans une quinzaine de villes de Belgique et des Pays-Bas, fondée sur la livraison écologique des centres villes et le service aux commerces. Livraison en cargocycles et véhicules électriques fait partie du modèle de Bubble Post.

Wing est une start-up avec seulement 5 mois d’existence, qui se positionne sur le « premier kilomètre » et l’aide aux e-marchands. Elle récupère les produits vendus, sans emballage, les emballe dans des ateliers agréés et les remet à un réseau de transport. Il s’agit là non pas d’externaliser la logistique, mais d’externaliser l’emballage et la gestion du transport, souvent problématiques pour de nombreux e-marchands. Wing apporte ainsi à la chaîne cross-canal le maillon manquant, le premier kilomètre.

WeTRUCK a imaginé le covoiturage de personnes dans un camion (la cabine).

Ces 8 nominés effectueront leur pitch devant le public le 25 mars à 9h30, en salle de conférence n°1.

Jérôme Libeskind, expert en logistique urbaine et e-commerce, animera durant la SITL 3 conférences.

  • Le 22 mars à 12h, Jérôme Libeskind animera une conférence sur « Quels véhicules, quels équipements pour la logistique urbaine ». Plusieurs constructeurs interviendront dont Libner, Univers VE Helem et Kleuster, constructeur d’un cargo-cycle frigorifique.
  • Le 23 mars à 13h45, une conférence plénière sera animée par Jérôme Libeskind avec la présence de Gaël Prigent, directeur Supply Chain de Logista, Yves Moine, directeur Supply Chain de Picard Surgelés, Julien Darthout, délégué général du club Demeter, Marc Dalbard, responsable marketing de PTV Group, Hervé Street, président de Star’s Service, Jean-Pierre Bernheim, vice-président d’Angers Loire Métropole et Yan Ketelers, responsable marketing de Bubble Post, société nominée au Start-Up Contest. Le sujet de cette conférence est « Le service comme facteur clé du succès de la logistique urbaine ». Cette conférence constitue l’évènement central du cycle de conférences sur la logistique urbaine.
  • Le 24 mars à 13h15, Jérôme Libeskind animera l’atelier organisé par PTV Group sur le sujet « Quels logiciels pour accompagner la logistique urbaine, concilier Service et rentabilité ». Marc Dalbard, responsable marketing et Raphaël De Castilla, Directeur Général, interviendront lors de cette conférence. Jérôme Libeskind effectuera une introduction sur les problématiques et solutions de la logistique urbaine

L’évolution de la réglementation, les contraintes urbaines de plus en plus significatives et les solutions apportées seront au cœur de ce cycle de conférences.

Bon SITL 2016 !

1 million € pour aider le développement de start-ups, c’est un enjeu qui motive à juste titre plus d’un créateur d’entreprise. 1053 projets ont été déposés et soumis aux votes des internautes.

Aviva vient de dévoiler la liste des finalistes, les 183 start-ups encore en lice pour remporter un prix bien mérité. Réponse le 18 mars.

fabrique aviva

Parmi ces 183 projets, 5 ont retenu mon attention par leur caractère innovant pour le domaine du transport et de la logistique, notamment urbaine.

Tout d’abord, la société Cocolis, spécialiste de la livraison interurbaine collaborative. Vous souhaitez expédier un colis de Paris à Nice, inscrivez votre demande, qui sera mise en relation avec un transport équivalent, effectué par un particulier. De façon complémentaire, vous effectuez un trajet avec un coffre vide, enregistrez votre trajet et profitez d’une opportunité de rendre service à un autre particulier. Le covoiturage de colis est ainsi inventé et organisé. Il s’agit là d’une solution pertinente sur le plan de l’environnement, mais permet aussi de réduire les coûts du transport, souvent élevé lorsque des particuliers d’adressent à des réseaux de transport professionnels. Peu d’autres acteurs se positionnent sur ce créneau interurbain collaboratif. Nous pouvons toutefois citer DacOpacK, qui part de l’enregistrement de trajets disponibles, de particuliers ou de professionnels, afin d’offrir aux internautes, notamment dans le cas de vente en C to C, un ensemble de solutions disponibles.

Toujours dans cadre des modèles de crowdshipping, la société Globshop propose de « co-avionner » des produits. Ainsi, un voyageur peut acheter et transporter dans ses bagages un colis à destination d’une personne dans le pays vers lequel il voyage. Il s’agit là d’une délégation d’achat et de transport, ne présentant donc pas de risque sur les produits transportés. Plusieurs modèles assez proches de « co-avionnage » se développent actuellement très rapidement, répondant à des problématiques locales ou au développement du C to C. C’est ainsi le cas de PiggyBee ou de e-Shipp.

Autre projet nominé, celui de Vélo-Cargos Drôme. L’idée est de développer l’utilisation de vélos-cargos, de type biporteurs, en milieu rural. Prendre un vélo pour transporter des courses plutôt que prendre sa voiture, voilà une initiative bien pertinente pour des trajets de courte distance. Vélo-Cargo Drôme a la particularité de mettre à disposition des vélos-cargos mais surtout de les fabriquer. Ces vélos biporteurs, fabriqués au Danemark ou aux Pays-Bas, sont en effet souvent d’un prix élevé.

vélo cargo drôme

Un projet très innovant de logistique urbaine et d’aide aux commerces de centre-ville est mis en place par Dropbird, nominé dans le cadre du concours Aviva. Dropbird propose aux voyageurs en train de commander sur internet des produits de commerces de proximité et de les récupérer à leur gare de destination. Le transport entre le point de collecte et les commerces est effectué en véhicule électrique. Le projet a récemment été testé avec succès en Bretagne. Il s’agit là à la fois d’une solution de click & collect de courses mais aussi d’aide aux commerces de proximité d’accès à l’e-commerce.

Enfin, un cinquième projet mérite une attention particulière pour le domaine du transport, celui de Camion Anti-Gaspi. Ce projet vise à trouver une nouvelle vie aux invendus et surplus de la distribution, produits non alimentaires et alimentaires.

Encore quelques jours de suspense pour savoir si le transport de marchandises, au travers de ces start-ups et de quelques autres probablement oubliées parmi les 183 nominés, sera un des gagnants de ce très beau concours.