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Les premiers espaces logistiques urbains à Paris avaient été installés dans des parcs de stationnement, Place de la Concorde, Saint-Germain l’Auxerrois ou Saint-Germain des Prés, pour ne citer que quelques exemples parisiens. Ces parkings présentent l’avantage de la situation centrale, mais les inconvénients d’exploitation sont souvent multiples : faible hauteur, rampe d’accès parfois difficile pour des vélocargos, absence de lumière naturelle, etc.

L’exposition « Immeubles pour Automobiles », qui se tient au Pavillon de l’Arsenal (jusqu’au 2 septembre) nous apprend que les opportunités dans les parcs de stationnement sont en réalité beaucoup plus étendues.

Les immeubles pour automobiles, puisque c’est le nom utilisé pour cette fonction, ont d’abord une histoire. La plupart de ces immeubles étaient construits en hauteur et pas en sous-sol.

C’était ainsi le cas du magnifique garage de la Compagnie parisienne des voitures électriques Kriéger, situé rue La Boétie et construit en 1906.

Autre exemple présenté au Pavillon de l’Arsenal, le garage Ponthieu Automobiles, construit en 1907 par Auguste Perret.

Ces deux sites, comme de nombreux autres construits à la grande époque de l’automobile, ont été transformés en bureaux ou détruits.

Cette exposition nous fait découvrir l’inventaire exhaustif des garages privés parisiens. Ce ne sont pas moins de 500 immeubles qui ont été identifiés, dont 135 disposant d’un potentiel de transformation. Ces 135 immeubles représentent 150 000 m2 de toiture et pas moins de 2 390 000 m3 ! Ils ont été segmentés en 5 catégories : long, profond, mixte, enclavés, traversants.

Le PLU de Paris a d’ailleurs identifié certains de ces sites parmi les 70 qui sont partiellement dédiés à la logistique urbaine. L’utilisation pour la logistique urbaine d’une dizaine d’entre eux reste toutefois très timide, prévoyant de réserver un espace de 500 m² à cette fonction. Mais cette obligation réglementaire n’empêche toutefois pas un propriétaire d’aller au-delà de ces obligations minimales réglementaires.

Les chiffres cités impressionnent par leur importance et leur potentiel, notamment pour la logistique urbaine.

Pour se développer, de nombreuses solutions de logistique urbaine nécessitent la mise à disposition d’espaces, afin de transférer les flux de marchandises vers des modes doux, petits véhicules électriques ou vélocargos. Les parcs de stationnements construits dans les villes sont souvent bien placés pour cela. Leur mutation sera dans de nombreux cas nécessaires, dans la perspective de réduction du parc de véhicules individuels.

Le développement des transports publics, des mobilités douces, mais aussi de modèles de partage de flotte permettra d’accélérer la réduction de la part de la voiture individuelle. 65% des parisiens n’ont pas de voiture et il est probable que cette proportion n’ira qu’en s’accroissant.

L’exposition du Pavillon de l’Arsenal nous montre que les parkings peuvent être transformés en habitations, en bureaux. Ils peuvent aussi l’être en Espace Logistique Urbain. Bonne visite !

 

Au-delà des Keynotes, des visites de personnalités politiques ou des Gafa, VivaTech est devenu un rendez-vous incontournable pour la logistique urbaineLogicités était présent pour rencontrer les start-ups, découvrir les dernières innovations et comprendre comment la technologie a investi la livraison des marchandises.

Bien sûr, ce secteur n’en est qu’un parmi tous les autres présents sur ce salon des technologies et des start-ups. Mais cette évolution témoigne de l’importance de la technologie dans le logistique urbaine et le dernier kilomètre.

Tout d’abord l’Afrique, fortement représentée sur VivaTech, présentait les modèles de livraison par drones au Rwanda, de livraison du dernier kilomètre à Dakar et d’application de suivi de colis en Afrique (Keyops.tech).

Merci à Bamba Lô, CEO de Paps, société de livraison du dernier kilomètre au Sénégal, de nous avoir présenté l’application mobile réalisée. Le dernier kilomètre, ce n’est pas un sujet exclusivement européen ! L’e-commerce se développe rapidement en Afrique, comme le paiement par mobile.

La livraison collaborative et les plates-formes étaient présentes en force, avec notamment Shippeo, Stuart, Colibou, You2You, Shopopop ou Livingpackets, Accola. Les discussions sur la loi d’orientation des mobilités laissent penser que la livraison effectuée par des particuliers sera progressivement assouplie, afin de permettre à ces modèles de se développer, sur des créneaux souvent spécifique et pas toujours bien couverts par les professionnels.

Le monde de la technologie était bien logiquement présent aux quatre coins de la Porte de Versailles : robots de livraison, véhicules électriques, scooters électriques, remorques assistées pour la cyclologistique… Un foisonnement d’idées et d’innovations, venant de France ou d’ailleurs.

TwinswHeel, présent sur 2 stands, présentait son tout nouveau modèle de robot grande capacitié. Starship présentait en France son petit robot de livraison. Effidence, présentait son robot suiveur, testé par La Poste. K-Ryole exposait sa toute nouvelle version de remorque adaptée à des produits volumineux.

Les prototypes étaient présents dans les allées comme celui de robot de livraison marcheur, Unsupervised.ai, mis en place par des ingénieurs incubés à l’école Polytechnique.

            

La société XYT a présenté, sur le stand de la région Ile-de-France, sont tout nouveau modèle de véhicule électrique de livraison 4 m3 fabriqué à Paris !

Si les allées de VivaTech sont encombrées de robots de livraison et autres remorques de cargocycles, nous sommes accueillis sur les stands avec un sourire technologique !

Sous-préfecture de l’Aisne, Saint-Quentin est une ville de 55 000 habitants, dans une aire urbaine de 110 000 habitants. En quelque sorte une ville moyenne normale, selon la typologie officielle, qui regroupe les entités de 20 à 100 000 habitants.

Saint-Quentin n’est pas une des villes les plus dynamiques. L’emploi industriel a diminué, comme dans de nombreux territoires. En 1975, la ville comptait plus de 67 000 habitants, aujourd’hui 18% de moins. Le responsable n’est toutefois pas l’étalement urbain, contrairement à qui est constaté dans de nombreuses villes. La population de l’aire urbaine a elle aussi décru, certes un peu moins, mais néanmoins de plus de 8% en 40 ans.

Ce qui frappe le visiteur, c’est le centre-ville et son apparence.

Magasins fermés, bâtiments à l’abandon, des panneaux à vendre un peu partout dans la ville. Les rares restaurants ouverts sont pris d’assaut, comme à l’époque soviétique. L’office de tourisme a des horaires restreints et les plus beaux témoignages du passé, pourtant riche, de cette ville de Picardie, ne sont accessibles que sur rendez-vous… Autant dire pas aux visiteurs de passage. Le musée a lui aussi des horaires restreints. Dommage pour les pastels de Quentin de La Tour. Nous les verrons dans d’autres musées.

Les touristes ne sont probablement pas les bienvenus sur ce territoire qui semble tout juste sortir d’un cataclysme.

Le magnifique immeuble des Nouvelles Galeries est abandonné et vide. En ruine. La Brasserie du Théâtre, sur la très belle place centrale, est fermée. Comme le Bistrot du Boucher ou Whoopies Diner. On ne mange plus à Saint-Quentin.

  

L’immeuble des Nouvelles Galeries

L’Univers de la Cuisine est définitivement fermé. On ne doit plus non plus cuisiner. Ni se meubler. « Relooking meubles cuisines sièges » est relooké en vitrine vide.

  

La Maison de la Presse est parée d’une fausse vitrine. On ne doit plus lire de journaux à Saint-Quentin. On ne doit plus non plus imprimer car « Prink cartouches d’imprimantes » est définitivement fermé. Ni jouer de la musique, Harmonie Musique a fermé. Puisqu’il n’y à rien à écouter, Audika a aussi fermé.

     

La pharmacie a déménagé à côté du Lidl. C’est vrai qu’il y a plus de visiteurs au Lidl qu’en centre-ville.

« AC Numismatique- achat d’or » a aussi fermé. Il est vrai qu’il n’y a depuis longtemps plus d’or à vendre à Saint-Quentin.

  

« Max prêt à porter Homme », Kelly, et de nombreux magasins de vêtements ont emboité le pas.

Quel décalage entre un territoire en déclin et un riche passé, marqué par de belles avenues, des bâtiments aux façades ouvragées, des parcs, une ville en quelque sorte assise sur une histoire !

L’organisme Procos classe Saint-Quentin comme une des villes qui connaît le taux de vacance commerciale le plus élevé. Mais pourquoi ?

Certes, l’absence de dynamisme y est pour quelque chose. Moins d’industries qu’avant, moins d’emplois.

Mais la principale cause n’est pas là. Il suffit de sortir de la ville pour apercevoir, entre la sortie de l’autoroute et l’entrée dans la ville, une fantastique accumulation de zones commerciales. Tout y est, les drives, le retail park flambant neuf avec ses multiples enseignes de vêtements, les hypermarchés, « l’avenue du meuble » comme dans de nombreuses villes, la restauration rapide.

Une toute nouvelle zone commerciale au Fayet, à l’entrée de la ville, ouverte en 2017, a un peu plus encore vidé le centre-ville de ses derniers commerces. Toutes les enseignes y sont présentes : Stokomani, Krys, Gifi, Bonobo, Bréal, Cache-Cache, Gémo, Tati, Autour du Bébé, Vert Baudet et bien d’autres. Le Shopping Park, puisque c’est son nom, a fait l’objet de nombreuses oppositions locales. Il s’agit là de la 5ème zone commerciale de l’agglomération. Pourtant, malgré, les avis négatifs, notamment de la municipalité, la zone a été construite. Avec Shopping Park, les habitants n’ont ainsi plus aucune raison d’aller dans le centre-ville, puisqu’il n’y a plus rien. Les bus desservent Shopping park. En arrivant à la gare, le Shopping park est mieux fléché que le centre-ville…

Le plan du gouvernement pour la revitalisation des centres villes arrive bien tard, et probablement trop tard. Pour de nombreuses villes comme Saint Quentin, le mal est fait. La ville mettra des décennies à se remettre des erreurs du passé, mais aussi encore très récentes. Ce plan est surtout trop timide.

Depuis 2000, les surfaces commerciales se sont accrues en France de 3% par an alors que le PIB n’a connu une augmentation que de 1,3%.

Si l’on ajoute à cet état des lieux le fait que nombreux secteurs, comme les agences de voyages, assurances, musique, vidéo, banque connaissent une tendance progressive à la digitalisation et la part de marché progressive de l’e-commerce, on peut s’attendre dans les années qui viennent à une très forte augmentation de la vacance commerciale, notamment sur ces territoires déjà suréquipés.

Pour le centre-ville de Saint-Quentin, le mal est fait. Mais pour sa périphérie, il est probable qu’il apparaîtra dans les toutes prochaines années.

La revitalisation des centres-villes s’accompagnera alors d’une transformation de sa périphérie. Un énorme travail en perspective pour les urbanistes qui prendra plusieurs décennies.