La table-ronde du 18 novembre sur le crowdshipping, lors de Supply Chain Event, était animée par Jérôme Libeskind, expert en logistique et urbaine et e-commerce, auteur du livre « La logistique urbaine, les nouveaux modes de consommation et de livraison – Editions FYP ».
Elle rassemblait 3 créateurs de start-ups de crowdshipping : David Vuylsteke, fondateur de PiggyBee, Jean-Baptiste Maillant, co-fondateur de Wing et Mohamed Mebarek, co-fondateur de Drivoo.
3 modèles très différents montrant la grande diversité des solutions de livraison collaborative.
PiggyBee est orienté vers l’international et notamment l’aérien. Mettre en relation un voyageur et une personne physique, habitant dans un pays lointain, demandeur de l’acheminement d’un produit permet de réduire les coûts, de profiter de capacités existantes et surtout de créer un lien social autour d’un service. Ainsi, un voyageur de Paris à New-York, qui dispose de place dans sa valise est mis en relation avec une personne sur place souhaitant l’acheminement d’un produit ou d’un colis. Le service est souvent rendu gratuitement.
Wing est sur un tout autre modèle, le premier kilomètre. La cible est constituée des très nombreux petits et moyens e-marchands, dont le métier n’est pas nécessairement d’emballer et d’expédier des colis. Wing se charge ainsi de collecter les produits, de les emballer et de les expédier au meilleur prix. Dans certains secteurs éloignés, Wing n’hésite pas à faire appel à des particuliers pour l’emballage et la collecte. Wing s’intéresse aussi au C to C en faisant appel à des « Héros », particuliers chargés de ces opérations de collecte.
Drivoo se positionne sur le dernier kilomètre. Il s’agit là de profiter de parcours existants, en voiture, mais le plus souvent en vélo ou à pied, pour effectuer des livraisons, au départ de commerces de proximité, de supermarchés ou de centres commerciaux. En quelque sorte, il s’agit de réduire les flux de véhicules de livraisons en optimisant les parcours et en utilisant les mobilités douces. A l’aube de la COP 21, Drivoo apporte une solution totalement pertinente sur le plan environnemental, avec des résultats immédiats. Ses « drivers » sont rémunérés en bons d’achat et profitent ainsi pleinement d’un service rendu.
D’autres modèles de crowdshipping étaient présents dans la salle, notamment celui de DacOpack, dont l’objectif est de mettre sur le marché les capacités vides des véhicules notamment privés. Il s’agit donc de covoiturage de colis interurbain. Une bonne solution pour acheminer à moindre coût son matériel de ski à sa station de sport d’hiver ou le four à micro-onde qui a été vendu sur Ebay.
Cette conférence montrait à la fois la diversité des modèles, les avantages environnementaux multiples et la croissance exponentielle du monde de la livraison collaborative, qui apportera aux transporteurs professionnels un complément et une réponse économique.
Le crowdshipping fait partie intégrante de la Supply Chain. Il se positionne en complément et pas nécessairement en concurrence frontale avec l’économie traditionnelle du transport. Il apporte des solutions sociales, mais aussi d’énormes avantages environnementaux. Il permet de réduire les coûts en transport en élargissant le service.
Le monde du crowdshipping comprend de très nombreux autres modèles, allant du point relais collaboratif, la mise à disposition d’espace de stockage, la livraison de repas ou peut-être demain la livraison à 2 avec services.
La Poste ne s’y trompe pas, en ayant récemment investi plusieurs millions € dans un modèle collaboratif, avant l’arrivée probable d’Uber sur ce créneau. Ce blog parle du crowdshipping, delivery crowdsourcing ou livraison collaborative depuis longtemps. Il est fort à parier que cet ensemble de solutions fera encore l’objet de nombreuses conférences et articles.