Le colloque qui s’est tenu le 11 février dernier, organisé par la fédération française de l’acier a choisi un thème tout à fait emblématique.colloque ville du futur

Ce blog a déjà évoqué l’esprit visionnaire de Jules Verne, qui pensait non seulement « acier », mais aussi logistique urbaine !

De nombreux colloques sur ce sujet ont déjà eu lieu et certains s’attendaient à des idées reçues sur les perspectives de la ville du futur. Ils ont alors peut-être été déçus car une partie importante du colloque a, une fois n’est pas coutume, parlé de logistique urbaine.

La table ronde sur le transport urbain était composée de personnalités de la profession : Alexis Rouque, (Directeur Général Ports de Paris), Jean-Michel Genestier (Geodis SNCF), Jean Macheras (FNAUT), Jérôme Wallut (Alstom), Bruno Gazeau (UTP).

Au-delà du rappel des différentes expériences et initiatives vertueuses, mises en places par différents opérateurs, notamment Geodis, cette table-ronde a été une occasion de poser la question du rôle des autorités locales dans les initiatives prises : l’accès à l’immobilier, la réglementation, le stationnement, le partage de la voirie.

Ce colloque, qui accueillait de nombreux élus locaux et parlementaires, intégrait clairement la problématique de logistique urbaine au cœur de la vie d’une agglomération, au même titre que le logement, les équipements publics ou la mobilité des personnes. C’est là un point essentiel. Les transporteurs et activités logistiques ne sont plus rejetées, mais au contraire accueillies en montrant l’exemple de pratiques vertueuses.

Le Port de Paris était là pour expliquer l’enjeu d’utilisation de la Seine et les expériences tout à fait concluantes de logistique urbaine notamment pour Franprix. Alstom a évoqué des sujets d’avenir tout à fait intéressants pour la distribution des marchandises autour des transports partagés et des tram-trains.

Un des mots essentiels à ce souvenir de ce colloque était le partage. Nous sommes de plus en plus dans une économie de partage, dans laquelle l’usage devient prépondérant par rapport à la propriété. La ville du futur sera digitale, mais aussi collaborative. Jules Verne n’avait peut-être pas pensé à tout !

Darty nous avait fait connaître le click & collect automatique dans un magasin (voir article sur le magasin des Ternes à Paris). C’est au tour de DIA d’apporter une réelle innovation.

consigne automatique réfrigérée

consigne automatique réfrigérée

Le principe est simple. Vous faîtes vos achats sur le site diadiscount.com, y compris de produits frais. Les produits à température ambiante vous attendent à un comptoir spécifique. Les produits frais vous attendent dans une consigne automatique, située à l’entrée du magasin. Cette consigne automatique a bien entendu la particularité d’être réfrigérée, à une température située entre 3 et 4°C.

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Ces produits sont emballés proprement et à votre disposition pendant les horaires d’ouverture, soit du lundi au samedi jusqu’à 21h.

C’est ce que DIA a mis en place depuis le 20 janvier dans son magasin de la rue Brézin, Paris 14ème.

Ce concept se rapproche donc du « drive piéton » qui a également été évoqué dans ce blog (Carrefour City gare St Lazare), adapté aux produits frais et automatisé, afin de ne pas faire la queue.

De façon précise, vous passez votre commande sur internet, à partir de votre ordinateur, tablette ou smartphone. Vous recevez un SMS vous indiquant que vos courses sont disponibles en 30 minutes (avec certaines contraintes) et vous recevez un code qui vous permet de retirer votre commande dans le magasin.

La consigne devient un élément essentiel de la livraison e-commerce dans les villes. Cet exemple est là pour nous montrer qu’il peut être élargi à des produits frais.

Cependant, la principale contrainte de ce type d’équipement situé dans les magasins est d’être soumis aux horaires de ces magasins, qui doivent par conséquent nécessairement être très étendus.

Alors imaginons la consigne réfrigérée accessible 24 h / 24, comme les distributeurs automatiques !

Economie de partage, crowdsharing, les noms de manquent pas pour désigner ces nouveaux modes de consommation, plus solidaires et permettant de mieux partager des moyens, voitures, vélos, appartementsLa logistique urbaine, comme d’autres secteurs de l’économie, n’échappe pas à cette évolution sociétale.

Plusieurs aspects me semblent intéressants à exposer.

Tout d’abord, la logistique urbaine nécessite de mieux partager la voirie. Pendant des décennies, la voirie était réservée prioritairement aux voitures, mais aussi aux véhicules de livraison, se garant parfois en double file pour de multiples raisons, et accessoirement aux transports en commun et piétons. Sont arrivés dans les villes les tramways, les vélos, les 2 roues motorisés et surtout une volonté de mieux respecter le piéton, souvent habitant d’un centre ville que l’on souhaite rendre plus attractif.

Un des aspects d’une meilleure logistique urbaine passe par ce partage de la voirie. Mais pas dans n’importe quelles conditions. Ce partage doit être vertueux, c’est-à-dire permettre aux piétons de disposer d’un peu plu d’espace public pendant les horaires d’activité intense (par exemple en fin d’après-midi et le samedi), aux véhicules de livraison de pouvoir effectuer leur mission avec le maximum d’efficacité et le moins de perturbations possibles (pendant les horaires de livraison matinale par exemple), permettre aux autres véhicules de circuler normalement ou de stationner. Cela passe bien sûr par la réglementation, mais surtout la concertation. Un bon exemple de ce partage de voirie a été mis en place à Bruxelles, sur l’avenue Louise. Cette initiative réussie a été présentée lors du workshop Bestfact des 29 et 30 janvier.

Bruxelles, avenue Louise

Bruxelles, avenue Louise

La ville de Paris a également adopté avec succès cette idée du partage pour les places de livraison en répartissant les 10 000 places de la ville de places « sanctuarisées » et « places partagées ». Ces dernières permettent aux automobilistes de stationner la nuit et les dimanches et aux activités de livraison d’utiliser ces places en journée.

places de livraison partagées à Paris

places de livraison partagées à Paris

Un second aspect du partage est dans l’immédiat théorique, mais est promis  certainement à  un grand avenir.

La logistique urbaine nécessite des surfaces afin de consolider des flux ou changer de mode de transport. Les surfaces immobilières en ville représentent un coût très élevé qui pénalise la mise en œuvre de solutions. Ces locaux ne sont utilisés que quelques heures dans la journée, souvent le matin tôt (jusqu’à 9h environ) et le soir. Imaginons alors des solutions de partage, permettant à ces mêmes locaux d’accueillir dans la journée d’autres activités et de partager ainsi les coûts. Pourquoi par exemple ne pas imaginer des surfaces qui permettraient le matin de trier des colis, puis à 10 h, d’accueillir des activités d’association (sport par exemple) et qui retrouveraient à 16h ou 17h une activité logistique ?

Enfin une autre idée du partage est la livraison. Certaines expériences de crowdsharing ont été initiées, en permettant à des particuliers de livrer des colis ou des courses alimentaires pour le compte d’autres particuliers. Voir article de ce  blog sur l’expérience Myways de Stockholm. Walmart s’intéresse également de très près à cette idée aux Etats-Unis.

Alors imaginons la logistique urbaine en partageant!