La livraison à pied n’est pas nouvelle. Elle consiste tout simplement à effectuer le « dernier kilomètre » sans véhicule.

La Poste utilise ce moyen de distribution depuis très longtemps pour la distribution du courrier dans les centres urbains.

Si le concept peut sembler simple et même archaïque, il masque de nombreuses opportunités et avantages en milieu urbain.

Tout d’abord, la livraison à pied, ce sont des véhicules en moins dans la ville, représentant ainsi un apport environnemental évident.

C’est aussi un moyen d’effectuer, avec un camion de livraison, moins d’arrêts. Ainsi, le camion peut stationner à un emplacement qui lui est réservé, et le livreur à pied effectue alors des mini-tournées au départ de ce camion, en allant recharger son chariot, qui est d’une capacité assez limitée.

La livraison à pied permet de circuler plus facilement dans les espaces urbains denses, notamment ceux marqués par une verticalité (niveaux de sous-sols ou étages à desservir).

Elle permet également de circuler sur le trottoir et pas sur la rue. Dans un milieu urbain dense et aux heures de pointe, le livreur poussant un chariot circulera peut-être plus vite qu’un camion dans les embouteillages.

En heure creuse, il pourra utiliser les transports en commun pour étendre son périmètre d’action. La Poste, pour la distribution du courrier, utilise les tramways urbains dans de nombreuses agglomérations comme Marseille, Mulhouse ou Bordeaux.

Enfin, la livraison à pied peut permettre de créer des emplois et des liens de proximité dans les quartiers.

Les exemples de livraison à pied sont nombreux. Un des modèles les plus anciens est celui des Dabbawalas de Mumbai, en Inde, les fameuses « gamelles de Bombay ». L’exemple de Bombay, qui existe depuis 1898 nous montre la pérennité du modèle. Les dabbawalas utilisent aussi des vélos et les transports en commun de la ville.

A Paris, La Tournée avait expérimenté, pendant 2 ans, un modèle assez proche dans un quartier parisien. Il consistait à livrer les courses des magasins de proximité aux habitants d’un quartier. Ce test a permis de mieux comprendre le modèle social et opérationnel de ce mode de livraison.

Bien sûr, la livraison à pied ne peut pas concerner tous les territoires urbains et tous les types de produits. Il concernera prioritairement les secteurs les plus denses et les petits colis ou courses de proximité.

Depuis 2005, Chronopost livre des plis et petits colis sur les Champs Elysées à l’aide d’un chariot spécifiquement adapté. Un autre modèle de chariot vient d’être expérimenté dans le Marais, le Khub, de plus grande capacité, dont l’utilisation semble toutefois limitée à des rues disposant d’un trottoir assez large..

  

Les livraisons de courses alimentaires à domicile se prêtent également bien à ce mode de livraison. Monoprix l’a expérimenté à Paris dans plusieurs magasins, avec des chariots spécifiquement conçus pour ce type de livraisons.

Mais le pays qui a le plus intensément développé ce mode de livraison est sans conteste le Japon. Tous les centres urbains denses sont desservis par des livreurs à pied, poussant un chariot, ceci à partir d’un magasin ou d’un camion. Cela concerne des produits secs, mais aussi des produits frais.

Livraison à pied au Japon

Deux différences entre le Japon et les pays européens peuvent toutefois être mentionnées. Lorsque le livreur effectue l’opération finale de  livraison du colis, il laisse nécessairement son chariot devant l’immeuble. Le chariot, plus encore qu’un camion, est soumis aux aléas de la sécurité dans les grandes villes.

Autre différence, l’espace public est au Japon bien adapté pour la circulation des chariots. Ce n’est pas toujours le cas dans les villes françaises, notamment celles qui ont des trottoirs étroits ou anciens.

La livraison à pied représente un important potentiel dans les villes, mais nécessite de l’intégrer dans un fonctionnement logistique plus global.

Lors du lancement du Airlab, accélérateur d’innovations sur la qualité de l’air, à l’initiative d’Airparif, SNCF Logistics, membre d’Airparif et partenaire du Airlab, a présenté le 20 septembre 2017 une première mondiale.

Il s’agit là d’un véhicule de livraison électrique Geodis, conçu avec Gruau et Fraikin, qui développe de nouvelles fonctions.

  

En effet, son objectif, outre la livraison du cœur de Paris, est de tester des micro-capteurs de mesure de la pollution de l’air en situation de mobilité.

Ce véhicule expérimental accueille plusieurs dispositifs de mesure de polluants qui circuleront ainsi 10 000 km par an. Habituellement, ces capteurs sont fixes. En l’occurrence, ils seront intégrés dans un véhicule et pourront ainsi permettre à Airparif, non seulement de tester différents types de capteurs nouveaux, mais aussi de disposer de données dans en situation réelle de circulation automobile.

De façon opérationnelle, un espace de moins d’un m² est utilisé à l’intérieur du véhicule pour recevoir les différents instruments, qui mesureront dans un premier temps les particules fines et le dioxyde d’azote, les deux polluants les plus problématiques en Ile-de-France.

véhicule expérimental Geodis

Airparif fourni les instruments de mesure et les micro-capteurs. Les données seront utilisées par Airparif.

La qualité de l’air est un enjeu de santé publique. L’Agence Européenne de l’Air évalue, en France, à 48 000 le nombre de morts prématurées du fait de l’air respiré notamment dans les grandes agglomérations. Le transport de marchandises et notamment de livraison du dernier kilomètre, a une part de responsabilité dans ce bilan inquiétant.

Les travaux sur la logistique urbaine ont pour objectif de réduire les externalités négatives induites, la congestion urbaine et notamment l’émission de polluants locaux. Geodis, au travers de ses différentes initiatives, participe pleinement à ces travaux.

Bravo pour cette initiative et bon vent au Airlab !

La récente étude de l’INED nous apprend que l’humanité devrait voir sa population s’accroître de 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050. Cette croissance de population bénéficiera en tout premier lieu au continent africain, qui verra sa population plus que doubler, de 1,2 à 2,5 milliards.

Autre donnée, cette population sera majoritairement urbaine. Dès 2035, la moitié de la population du continent africain vivra en ville. Dans les 10 prochaines années, 187 millions de personnes supplémentaires habiteront dans les villes.

La mobilité et le développement durable seront alors au cœur des enjeux.

Lors du récent sommet d’Agadir sur le climat des acteurs non étatiques, Climate Chance, le continent africain a fait l’objet de toutes les attentions avec notamment l’objectif de trouver un équilibre entre développement économique et réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre. Il s’agit de trouver des modèles de développement plus durables, plus proche des consommateurs, prenant en compte les équilibres sociaux et environnementaux.

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