Le 14 octobre avait lieu à ESCP Europe une table-ronde sur le thème « Comment les business models responsables réinventent-ils la mode ? ». Valérie Moatti, co-directrice scientifique de la Chaire « mode et technologie » animait le débat qui regroupait plusieurs panélistes, notamment Damien Pellé, Directeur Développement Durable des Galeries Lafayette, Philippe Ribera, du groupe Lectra et Géraldine Vallejo, de Kering.

Logicités était présent à cet événement !

Tout d’abord, nous apprenons que le transport ne représente que 5% de l’impact environnemental du secteur de l’habillement. C’est le premier sujet d’étonnement alors que les tissus traversent la planète, comme les vêtements fabriqués. Kering a toutefois mentionné réduire l’utilisation du transport aérien.

Le plus surprenant dans ce secteur est l’hyperconsommation. Nous consommons 2 fois plus de vêtements qu’il y a 15 ans, souvent des vêtements très bon marché.  Mais de nouvelles tendances apparaissent. C’est par exemple le cas de l’achat de vêtements de seconde main. 45% des consommateurs qui achètent des vêtements de seconde main le font pour des motivations écologiques et 75% pour des raisons financières. C’est aussi le cas, dans une moindre mesure, de la location de vêtements, assez populaire aux Etats-Unis.

Un des principaux problèmes soulevés est l’absence de transparence du secteur. Les informations sur les produits, sur les origines sont souvent inexistantes ou partielles.

Ce secteur est un des plus mauvais élèves dans la chaîne de l’économie circulaire. Les vêtements sont en effet très mal recyclés.

60% du vêtement est fabriqué en polyester qui est une fibre qui se disloque lorsque qu’on la passe à la machine. Cela fini dans les eaux usées puis les océans. Cela se traduit également par un manque de recyclage des textiles; moins de 1% des textiles fabriqués finissent dans l’économie circulaire pour être recyclés.

Au travers de ces tendances, nous voyons les efforts considérables à réaliser, par les enseignes, les distributeurs,  mais aussi par les consommateurs.

Une des initiatives vertueuses est celle des Galeries Lafayette, avec le label GoForGood d’écoresponsabilité délivré par l’enseigne aux marques qui respectent un cahier des charges. Ce sont déjà 8% des produits des Galeries Lafayette qui respectent ce cahier des charges.

Cette initiative, encore isolée, montre la prise de conscience de certains acteurs. Le Fashion Pact, signé par 32 entreprises de la mode et du textile, lors du G7 de Biarritz  le 26 août dernier, témoigne de cette volonté de certains grands acteurs d’inverser cette tendance.  Le chemin reste long notamment lorsque nous voyons que, parmi les signataires, apparaissent des groupes comme Adidas ou Nike, qui ne véhiculent pas encore une image très environnementale de leurs productions.

Mais ce sera probablement la responsabilisation du consommateur qui incitera ces grands acteurs à faire plus et mieux pour faire de ce secteur un secteur respectant les règles environnementales de base.

L’origine des produits, encore trop lointaine, pourra peut-être évoluer. Ce blog s’est déjà fait l’écho d’initiatives vertueuses comme celle de Labonal, société fabricant des chaussettes en France depuis … 1924. Malgré les difficultés qu’a connu cette société, il reste possible de fabriquer des vêtements en Europe. Cela tient d’abord d’une responsabilisation du consommateur.

La supply chain peut aussi être plus verte, en travaillant sur la consolidation des flux, le rapprochement des fournisseurs. La mesure de l’impacxt environnemental de la Supply Chain, comme le propose TK Blue Agency, devient alors une nécessité pour mettre en évidence ces efforts.

 

Pendant des décennies, une des actions de la politique d’aménagement du territoire a été de rechercher de nouvelles activités afin de réoccuper les friches industrielles. Des milliers d’usines ont fermé dans les années 1980-1990 et au-delà, conséquence logique de la mondialisation et de la délocalisation industrielle.

Le nouveau chantier que devront prendre en main l’Etat et les collectivités locales dans les prochaines décennies sera celui des friches commerciales. Comment réutiliser les centaines et milliers de boîtes commerciales situées en périphérie des agglomérations, qui vont progressivement se libérer, sans trouver de repreneur rapidement et facilement ?

Il est souvent, à juste titre, question de la vacance commerciale en centre-ville, notamment dans les villes petites et moyennes. Ce sujet, dont les origines sont multiples, est lié au mode d’habitat, au positionnement des services publics, mais aussi aux évolutions du mode de vie et de la consommation.

L’évolution des zones commerciales périphériques, souvent décriées pour leur manque d’attractivité visuelle (la France moche…), risque de devenir un  nouveau sujet important, ceci pour plusieurs raisons.

  • Tout d’abord, il a été accordé pendant 20 ans trop d’autorisation de constructions de surfaces commerciales. Entre 2000 et 2016, les surfaces commerciales en France ont augmenté de 3% par an alors que le PIB ne s’est accru annuellement que de 1,3%. Il y a donc naturellement une suroffre.
  • Le second sujet est la digitalisation de nombreux métiers. A quoi servent encore un magasin de location de cassettes vidéo, une agence de voyage, un bureau d’assurances, une agence bancaire et peut-être (malheureusement pour les amateurs dont je fais partie) une librairie, un marchand de journaux ou même un disquaire ? Ces métiers continuent d’exister mais de façon digitale. Le point de vente physique perd de son utilité.
  • Le troisième facteur est la croissance du e-commerce. Avec 9% de la consommation, c’est une partie du commerce physique qui disparaît, au profit d’autres modèles de consommation.

L’e-commerce annonce la troisième révolution commerciale, après celle des grands magasins au 19ème siècle et celle des hypermarchés et centres commerciaux dans les années 1960. Les exemples d’enseignes qui font face à des difficultés, n’ayant pas su gérer cette révolution commerciale, sont nombreux : La Grande Récré, Conforama, Gap, Tati, Marks & Spencer ou C&A pour ne citer que quelques exemples récents.

Les grands groupes de distribution du secteur alimentaire font aussi face à des difficultés : Auchan, Carrefour ou Casino se posent tous des questions fondamentales sur les modèles commerciaux de demain.

Le modèle de l’hypermarché est d’ailleurs au cœur des préoccupations et les derniers modèles annoncent des changements majeurs. Les dernières transformations d’hypermarché réalisées par Carrefour sont emblématiques.

Le nouveau concept d’hypermarché Carrefour, développé à Dijon Toison d’Or, est un exemple de cette transformation. Rayon de produits bio, produits en vrac, produits régionaux, kiosques de restauration thématiques … rien de manque pour coller aux tendances actuelles de la consommation et retrouver une attractivité commerciale.

Mais sur le plan immobilier, tout change aussi. Ce nouveau concept est plus petit d’environ 20%. Ce sont 2000 m² de surface commerciale en moins. Le P-DG de l’enseigne, Alexandre Bompart, annonçait d’ailleurs que, sur l’ensemble du territoire, ce seront 100 000 m² qui seront restitués. Cette diminution, moins problématique que ce que rencontrent certains enseignes qui ferment des points de vente, concerne essentiellement le non alimentaire, proposé sur internet.

Ces exemples montrent que nous ne sommes qu’au début d’un cycle qui transformera en profondeur le paysage commercial français. L’Etat et les collectivités locales, qui ont pendant des décennies, autorisé voire favorisé la construction de surfaces nouvelles devront prendre leur part de responsabilité dans cette restructuration du paysage périurbain, qui concernera la plupart des agglomérations.

Loin des illusions, cette transformation du paysage urbain permettra d’apporter des réponses à l’évolution de l’habitat et de la mobilité.

Ces surfaces deviendront alors des opportunités pour de nouvelles activités, notamment logistiques, en lien avec les besoins de proximité des stocks et de livraison décarbonnée  de proximité.

 

Beaucoup d’entre nous sommes des utilisateurs réguliers d’Uber. Nous en apprécions la facilité d’utilisation, la transparence des prix, mais pas toujours le modèle social qui se cache derrière.

Nous apprécions ses services, les VTC, la livraison de repas Uber eats, les trottinettes ou vélos Jump en livre service.

Introduit en bourse au NYSE depuis mai 2019, la valeur de l’action Uber a (déjà) perdu … 27% de sa valeur. Au deuxième trimestre 2019, la société a affiché 5,29 milliards de pertes.

Un des faits majeurs, qui pourrait peser sur la valorisation du modèle Uber et son avenir est la décision du Sénat californien qui, le 10 septembre dernier, a voté la requalification des chauffeurs de VTC en salariés. A contre courant des décisions californiennes, la très libérale loi d’Orientation des Mobilités, qui vient d’être votée par le parlement, ne prévoit dans son article 20 que la possibilité, pour une plateforme (donc notamment Uber) d’établissement d’un charte qui définira les conditions de travail…

Après plusieurs années de choix délibéré de laisser se développer l’uberisation de l’économie, le retour en arrière était évidemment impossible. L’économie uberisée affecte maintenant un trop grand nombre de personnes, dont dépendent les revenus mensuels.

Le plus surprenant, ce n’est pas l’encadrement ultralibéral de la loi, mais l’écart entre la position française (pays dans lequel l’uberisation reste assez modeste et récente) et la position d’un pays qui a beaucoup plus d’historique et d’enjeu. La LOM, tout juste votée est-elle alors déjà dépassée ? Si l’encadrement législatif de l’uberisation est une nécessité, il semble que la LOM, sur ce sujet, arrive soit trop tard (comme c’est souvent le cas), soit trop tôt…

Autre sujet, Uber est devenu un acteur majeur du transport de marchandises et de la logistique urbaine. Il y a quelques mois, la plateforme Uberfreight, qui n’était présente qu’aux Etats-Unis, est arrivée en Europe, en s’implantant aux Pays-Bas. Avec un modèle de transitaire, Uberfreight vise à transformer le secteur de l’affrètement. Le choix de ce secteur n’est pas anodin. Il se caractérise par une multiplicité d’acteurs transporteurs, souvent indépendants, ou de petites entreprises, et un faible nombre d’affréteurs, dont la valeur ajoutée par rapport à ces modèles technologiques est de moins en moins évidente et le mode de fonctionnement encore très traditionnel.

Le modèle est donc très proche de celui des taxis…

Uberfreight trouvera en France des concurrents, comme Everoad ou Fretlink. Mais le marché est considérable et les marges encore suffisamment élevées pour permettre de trouver un modèle économique. Réduire la part des camions qui roulent à vide (estimée à 21%) constitue un enjeu environnemental majeur.

Autre secteur dans lequel Uber est présent, la livraison instantanée. La plateforme de livraison de repas, est fondée, comme ses concurrents Deliveroo ou Glovo, sur l’utilisation de livreurs micro-entrepreneurs. La difficile rentabilité de ce modèle pousse la plateforme à innover. Depuis cette année, Uber propose des solutions de click & collect (ou de vente à emporter). Autre nouveauté 2019, après les grandes métropoles, Ubereats a décidé de s’implanter dans des villes de plus petite taille : Annemasse, Montluçon ou Beauvais. La présence sur l’ensemble du territoire est alors une nécessité.

Uber s’intéresse aussi aux technologies du futur. L’échec de son positionnement sur les camions autonomes (arrêt en 2018 du projet suite au rachat d’Otto) est bien sûr une décision majeure. Toutefois, Uber a présenté au CES 2019 des drones taxis. En juin 2019, Uber a annoncé des tests de livraison de repas en drones en Californie et investit massivement dans la voiture autonome.

Acteur incontournable de la mobilité des personnes et des marchandises, Uber devra trouver un modèle social acceptable. La technologie Uber révolutionne les pratiques, mais pourquoi alors ne pas essayer d’en faire un  modèle social positif ?