Comme chaque année, Logicités vous fait un bilan des points marquants de l’année 2021 pour ce qui concerne la logistique urbaine. Bien sûr, il ne s’agit pas d’un bilan exhaustif mais de quelques événements marquants qu’il convient de rappeler à cette époque de début d’une nouvelle année.

Tout d’abord, l’année 2021 a été ponctuée de plusieurs très bonnes nouvelles pour la logistique urbaine.

  • Un rapport logistique urbaine au gouvernement 

Pour la première fois, un rapport sur la logistique urbaine a été remis au gouvernement. Le rapport de la mission LUD, pilotée par Jean-Jacques Bolzan, Anne-Marie Idrac et Anne-Marie Jean, fait de multiples propositions. Nous n’en retiendrons ici qu’une consistant à sensibiliser les consommateurs aux enjeux de la logistique urbaine. « Inciter à un choix de livraison plus lente lorsqu’elle est davantage mutualisée et décarbonée ». Le consommateur est le dernier maillon de la chaîne logistique. Par ses comportements d’achat, c’est lui qui décide. Encore faut-il l’éduquer car le sujet est particulièrement complexe.

  • La cyclologistique s’industrialise

La réussite du déploiement de la cyclologistique passe par une offre de matériels industriels à un prix compétitif. En 2021, nous avons vu se développer plusieurs usines françaises de construction de remorques de cyclologistique. Après une phase de démarrage réussie, K-Ryole a ouvert une usine à Tonneins dans le Lot-et-Garonne. Dans cette usine de 4500 m², K-Ryole ambitionne de construire 600 à 900 remorques par an. Autre acteur qui mise sur l’industrialisation, Fleximodal. Le succès de sa remorque Bicylift, exporté dans plusieurs pays a amené l’entreprise à ouvrir de nouveaux locaux à Cesson-Sévigné (Rennes). D’autres acteurs comme VUF, Wello, Kleuster ou Douze Cycle déploient des unités de production en France. La cyclologistique n’en est qu’à ses débuts !

  • Pour la première fois, les e-marchands s’intéressent à leur impact environnemental

La charte pour un e-commerce responsable signée par 14 e-marchands et la FEVAD constitue un premier pas vers une meilleure maîtrise des nombreux impacts environnementaux du e-commerce. Cette charte, certes timide sur certains aspects, traite de sujets sensibles comme ceux des emballages. Elle aborde aussi le problème des retours e-commerce et celui de la consolidation des flux. Gageons que cette charte constituera une première étape et créera une dynamique. Hasard du calendrier ou volonté individuelle ? Nous remarquons que des e-marchands non-signataires, comme Amazon, font depuis quelques mois de gros efforts pour améliorer l’impact environnemental de leurs livraisons.

  • La part de marché des véhicules électriques dépasse les 4%.

Pendant des années, la part de marché des VUL électriques n’était que de 2%. Pour la première fois, en 2021, elle a doublé pour atteindre 4,3%. Certes, 4% est encore un chiffre bien faible mais ce doublement en un an constitue une lueur d’espoir, conséquence d’un développement de l’offre et d’une prise de conscience de nombreux acteurs. C’est aussi la conséquence des annonces de mise en place de Zones à Faibles Emissions dans les grandes villes.

  • Chaque semaine, une nouvelle station GNV ouvre

Fin 2020, 122 stations au GNC étaient répertoriées en France. Un an après, nous sommes à près de 200 stations en France. Bien sûr, nous sommes loin du maillage suffisant pour faire face aux besoins des professionnels. Mais la dynamique est là et c’est déjà une excellent nouvelle.

  • Les réseaux d’acteurs du dernier kilomètre se déploient …

En 2021, plusieurs réseaux se sont étendus sur le territoire. C’est ainsi le cas de celui d’Urby, qui est présent dans 21 villes, mais aussi des Triporteurs de l’Ouest, présents dans 9 villes du territoire et de Toutenvelo, présent dans 7 villes. Star Services, Cogepart, mais aussi Ecolotrans, étendent leurs réseaux afin de répondre à la demande dans toutes les grandes agglomérations.

La logistique urbaine n’est plus une spécificité parisienne. Elle concerne non seulement les grandes métropoles, mais aussi de nombreux territoires urbains de plus petite dimension.

  • …comme les hôtels et espaces logistiques

En 2021, nous avons vu apparaître de nouveaux espaces pour la logistique urbaine. C’est par exemple le cas du site P4 construit par Sogaris à Pantin ou de Toulouse Logistique Urbaine, inauguré en décembre 2021. Un projet très ambitieux, mené par Goodman, sera réalisé sur le port de Gennevilliers dans quelques années. Ce site de 90 000 m² apportera de nouveaux espaces pour livrer Paris de façon décarbonée. A Paris et Lille, Corsalis fait le choix de rénover des sites existants pour répondre aux demandes des acteurs du dernier kilomètre. L’intérêt croissant que portent les acteurs immobiliers à cette nouvelle catégorie d’actifs est une bonne nouvelle. Gageons que l’année 2022 verra apparaître de nouveaux projets et de nouveaux acteurs dans le monde de l’immobilier logistique urbain.

  • Un nouveau livre de Jérôme Libeskind !

En 2021, Jérôme Libeskind a publié le livre « si la logistique m’était contée » : 12 histoires pour comprendre l’évolution du commerce et de la livraison. Ce livre apporte une vision différente de la logistique urbaine et du dernier kilomètre au travers de 12 personnages pour la plupart oubliés.

Ce troisième ouvrage de Jérôme Libeskind s’adresse à tous les publics, autant les spécialistes du sujet que celles et ceux qui souhaitent comprendre pourquoi et comment la logistique urbaine focalise de plus en plus souvent les débats.

Le livre est disponible sur la e-boutique Logicités et en librairie !


Mais en 2021, ce sont aussi des mauvaises nouvelles dont nous devons prendre conscience.

  • L’explosion du quick commerce : la paresse a un coût environnemental et social

Loin de faire l’unanimité, cette forme de commerce en quelques minutes contribue à accélérer la fragmentation des flux. Livrer en 10 ou 15 minutes, c’est multiplier le nombre de livraisons non consolidées. Et sans modèle économique à court terme, c’est inévitablement le développement d’un modèle social dégradé.

La livraison la plus verte est la plus lente. Il faudra, comme le timbre depuis des années, coloriser les livraisons en indiquant que le temps permet d’organiser des tournées. Livrer en 10 minutes s’apparente alors à une augmentation du nombre de véhicules dans les villes.

Le commerce de la paresse ou de la flemme, selon la terminologie adoptée par les journalistes, attire pourtant les investisseurs. En 2021, l’économie de la paresse a levé 15 milliards de $ dans le monde.

Mais cette économie de la paresse a un coût environnemental et social considérable. C’est certainement la plus mauvaise nouvelle de l’année pour la logistique urbaine !

  • Le centre de distribution urbain de Charleroi à l’agonie

C’est le titre d’un article de Télésambre en mai 2021. Inauguré en 2016 dans un magnifique bâtiment neuf, ce CDU a couté 6 millions €. Pourtant, en 5 ans, il n’a trouvé aucun modèle économique. Le modèle du centre de distribution urbain est complexe. Il implique nécessairement un surcoût et nécessite un courage politique afin de modifier la réglementation en incitant les opérateurs à utiliser cet outil de consolidation des flux.

Les difficultés du site de Charleroi, qui n’est pas le premier à faire face à un échec, doivent toutefois faire réfléchir à la nécessité de bien analyser toutes les expériences à travers l’Europe et même au-delà, avant de mettre en œuvre un tel projet.

Il montre aussi que la consolidation des flux, aussi pertinente qu’elle soit sur le plan environnemental, doit être préparée en association avec les professionnels locaux.

Espérons que Charleroi saura trouver une nouvelle vie à ce très beau projet et qu’il aura une orientation nouvelle au service des commerces, des habitants et de la logistique urbaine. Fort heureusement, le CDU ne constitue qu’une des multiples solutions de consolidation des flux.

  • La disparition d’une belle entreprise de cyclologistique

Les coursiers cyclistes lorrains, société créée en 2006, a décidé d’arrêter son activité en décembre 2021. Difficulté du métier, livraison dans une jungle urbaine de plus en plus accaparée par les voitures et les trottinettes… Parler de la cyclologistique c’est bien, mais adapter la ville à cette nouvelle forme de livraison impose un courage politique et une réflexion sur un meilleur partage de l’espace public.

Cette annonce malheureuse doit nous faire réfléchir pour mieux adapter la ville à la cyclologistique et mettre en situation de réussite les nombreuses initiatives de création d’entreprises dans ce secteur.

  • 2 usines de véhicules électriques ferment…

Un des modèles les plus performants du marché, le Nissan e-NV 200, pourtant produit à 49 000 exemplaires, ne sera plus fabriqué. Nissan a fermé son usine de Barcelone, dans laquelle ce véhicule était assemblé. Autre échec industriel, celui du Streetscooter, qui a fermé son usine malgré son succès commercial en Allemagne, au Japon et en Chine. Le modèle économique d’une usine de véhicules électriques de livraison reste à construire…

  • La logistique inverse reste à construire

Le titre choc du Parisien, le 22 décembre 2021, nous interpelle : seuls 14% des déchets plastique sont recyclés en Ile-de-France. Sur les 860 000 tonnes de plastique jetés par an en Ile-de-France, 43% sont incinérés et 34% enfouis. 2% du plastique en Ile-de-France, soit 17 000 tonnes par an, sont tout simplement disséminés dans la nature.

Les lois, aussi ambitieuses sont-elles, ne font malheureusement pas tout. Ces chiffres montrent une défaillance totale de la logistique de cette filière. Mais ils montrent aussi l’importance pour le consommateur de fuir le plastique. Eviter le plastique lors de ses achats quotidiens, promouvoir les achats en vrac, dans des emballages consignés ou au pire dans emballages carton.

Bonnes et mauvaises nouvelles de l’année nous montrent l’importance de partager les expériences pour aller tous ensemble plus loin vers une logistique urbaine durable !

Toute l’équipe Logicités vous souhaite une très belle année 2022 !

Pour la carte de vœux,

 

 

Hasard des calendriers, deux événements en 24 heures ont pour centre d’intérêt l’utilisation du fleuve pour la logistique urbaine.

La Tribune publie hier un très intéressant titré « En logistique urbaine, la vertu est hors de prix ».

http://www.latribune.fr/blogs/la-tribune-du-grand-paris/20141113tribb8f2e76c9/fret-quand-la-vertu-est-hors-de-prix.html

Grande distribution, approvisionement par un transport route fleuve des Franprix

Cet article, qui comprend une interview de Jérôme Libeskind, explique que les mesures vertueuses prises par certains opérateurs à l’instar de Vert Chez Vous, ne sont pas toujours compensées par des avantages permettant à ces solutions d’être pérennes. Vert Chez Vous a en effet mis en œuvre une solution particulièrement innovante et intéressante sur le plan environnemental. Cependant, rien ne change encore à Paris sur le plan de la réglementation et de son application. Livrer en barge et en cargocycle représente un surcoût. Deux ruptures de charges sont nécessaires, ceci sans tenir comptes des modes de distribution.

Si ces mesures vertueuses ne sont pas compensées par des avantages, soit sur le plan de la circulation, de facilités, de fiscalité et si les opérateurs non vertueux ne sont soumis à aucune règle contraignante, la solution ne peut en aucun cas résister. Vert Chez Vous, même si le projet a été stoppé,  n’abandonne pas et parle déjà d’une barge plus performante. Tant mieux. Il est indispensable que certains opérateurs soient des pionniers et c’est le cas de cette société.

Dans la continuité de cet article, le Cercle pour l’Optimodalité en Europe et le Forum pour l’Investissement Responsable conviaient aujourd’hui Laurent Kamiel, directeur des flux de Franprix. Ce groupe de distribution a mis en œuvre depuis 2012 une solution de distribution d’une centaine de magasins parisiens en utilisant le mode fluvial, de Bonneuil au Port de La Bourdonnais, situé au pied de la Tour Eiffel.

Le résultat est particulièrement probant sur le plan environnemental. Laurent Kamiel a notamment parlé des avantages sur le plan des économies de CO², mais aussi de la congestion. Le partenariat de Franprix avec TK Blue Agency permet de mesure les impacts et de valoriser les avantages pour la société de ces mesures vertueuses.

Franprix souhaite cependant pouvoir optimiser le process (et les coûts) en augmentant les flux sur la barge. La mutualisation de ce moyen de transport avec d’autres opérateurs est une solution envisagée. La capacité existe donc et est quotidienne, entre Bonneuil et le centre de Paris.

Nous voyons qu’au travers de ces exemples, les réalisations pertinentes doivent trouver des solutions de mutualisation et d’optimisation. L’aide des collectivités locales reste indispensable pour pérenniser ces opérations. Ce que nous constatons également, c’est qu’un distributeur peut plus facilement accepter un surcoût qu’un prestataire de transport !

article Stratégies Logistique livraisons à vélos

Jérôme Libeskind publie dans Stratégies Logistique la première enquête sur les livraisons à vélos et cargocycles en France.

Alors que La Poste dispose d’un parc global d’environ 20 000 vélos, la cinquantaine d’opérateurs privés de course et livraison comptabilisent un ensemble d’environ 500 vélos et cargocycles.

Ce moyen écologique de livraison des centres villes est donc promis à un très grand avenir.

Utilisé dans le monde entier, disposant en France d’une histoire depuis le 19ème siècle, il constitue une solution réelle pour distribuer de nombreuses marchandises dans les villes.

Les différents modèles de vélos et cargocycles permettent de répondre à la fois à des demandes de livraisons urgentes de type courses pour des petits colis et à des livraison de colis de façon régulière et structurée, dans des cargocycles. ces véhicules sont particulièrement adaptés aux centres urbains denses.