Les villes moyennes ressemblent-elles aux cartes postales?

Plusieurs reportages ont récemment fait état de la situation commerciale des centres villes, notamment dans les villes moyennes françaises. La période estivale est souvent l’occasion, pour nombre de vacanciers, de se promener dans certaines villes petites ou moyennes. Celles dont nous apprécions le calme, le patrimoine architectural, les cafés et restaurants, les marchés, les commerces. Pourtant, à l’exception des villes côtières et de quelques quartiers ou villes très touristiques, les villes moyennes s’apparentent de plus en plus à des déserts commerciaux. Nous sommes de plus en plus frappés par l’importance de ce phénomène qui fait des centres villes des espaces délaissés, abandonnés de toute activité.

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Une récente étude Procos montrait que, sur un an, le taux de vacance commerciale dans les cœurs des villes moyennes est passé de 9,3% à 11,1%. Nombre de villes connaissent des taux supérieurs à 15% et l’accélération du phénomène est souvent visible.

Les commerces traditionnels disparaissent les uns après les autres, les locaux vacants se multiplient. Les centres villes, qui n’accueillent qu’une part très minoritaire de la population des agglomérations, sont souvent des espaces morts, conservant quelques fonctions administratives et de services.

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Les habitants ont depuis longtemps privilégié un modèle périurbain. Aller au centre-ville pour ses achats devient contraignant et moins attractif qu’un parcours dans un centre ou zone commerciale de périphérie. Ces zones commerciales, souvent en entrée d’agglomération, regroupent l’ensemble des offres de commerce alimentaire et non alimentaire. Bien sûr, elles sont fondées sur le modèle du « tout voiture ». Autour d’hypermarchés, de retails parks ou de zones déstructurées d’entrée de ville, le consommateur-habitant périurbain partage des parcours utilitaires souvent dénués de toute relation sociale.

Le centre-ville a de tous temps été un lieu de relation sociale, de proximité, de service. Cette fonction disparait progressivement au profit de l’utilitarisme de la consommation et de relations développées sur les réseaux sociaux.

Un des enjeux des années à venir sera de recréer un lien social dans les centres villes, de freiner l’étalement urbain, consommateur d’espace et d’infrastructures et de permettre ainsi à de nouvelles catégories de populations de retrouver dans le cœur des villes l’envie de vivre, de s’y promener, d’y travailler.

La politique d’urbanisme commercial des villes est à l’origine de la situation que nous constatons, mais aussi le mode de consommation, le développement des réseaux de franchise au détriment des commerces indépendants.

Au-delà de ces constats édifiants, il convient de trouver des moyens d’incitations qui permettront aux habitants et aux activités de réinvestir les centres villes, au détriment des périphéries des villes.

Cela passera nécessairement par des programmes de rénovation urbaine, d’aide au maintien des commerces ou à l’installation de commerces nouveaux, de livraison urbaine facilitée, d’aide à l’e-consommation,  d’orientations nouvelles d’urbanisme commercial, d’aides à l’investissement. Cela passe également par l’innovation et la création de nouveaux types de commerces, multi-services, centres commerciaux urbains, espaces numériques et attractifs pour les populations les plus jeunes, espaces de loisirs.

Cela passe aussi par un ralentissement des aides au développement des zones périphériques, qui provoquent une accélération de ce phénomène de désertification urbaine.

Redévelopper les centres des villes moyennes, à l’instar de ce qu’ont déjà fait les grandes métropoles françaises, comme Bordeaux, Nantes, Montpellier ou Toulouse, sera sans aucun doute un des enjeux de l’urbanisme régional.

 

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