La guerre Amazon – Carrefour est engagée
Amazon Prime Now a débuté à Paris depuis quelques jours. Voici les résultats d’un test.
Achat d’eau minérale, glaces, jus de fruits, Sopalin.
La commande a été livrée en 50 minutes seulement, donc dans le créneau horaire prescrit d’une heure. Le contrat est donc respecté.
Les produits secs sont emballés dans des sacs en papier. Les produits surgelés sont transportés dans une glacière souple Amazon et remis directement au destinataire. Il faut donc les manger tout de suite ou avoir un congélateur pas trop loin. Ils sont remis sans suremballage. L’eau minérale n’est pas suremballée. Le livreur se présente avec un Tshirt Amazon et a un bac de transport.
Le transport était effectué par Top Chrono avec un véhicule diesel blanc, de type camionnette.
L’engagement de délai est donc respecté. La qualité des produits est impeccable. Le livreur se présente très correctement et Amazon respecte son image de qualité. Bravo !
Sur le plan environnemental, le modèle est beaucoup plus contestable. Le livreur vient avec un véhicule au diesel, traverse la moitié de Paris pour apporter une commande de quelques produits. Il stationnait en double file (pas le temps de chercher une place de livraison). Le modèle de livraison atomisée est l’inverse de ce qui est souhaité par tous les spécialistes de logistique urbaine, qui privilégient la consolidation des flux et l’augmentation de l’occupation des véhicules.
Le modèle économique est également contestable. Préparer une commande de produits alimentaires, d’une valeur unitaire de 2 ou 3 euros et livrer une commande de 20 € en coursier à travers Paris, ceci pour 5,90 €. Il est bien évident que le prix facturé ne correspond pas au coût réel d’un coursier qui va mettre ½ heure à traverser Paris, voire plus, coût auquel il faut ajouter le temps, certes optimisé, de préparation de commandes dans l’entrepôt.
Hormis le délai d’une heure, qui devient un standard, la vraie révolution d’Amazon Prime Now, c’est l’information. Le client peut suivre son livreur sur l’application mobile, sait en permanence où il se trouve, peut communiquer avec lui. Le client est donc rassuré. La livraison est très rapide car le suivi du parcours du livreur est effectué en temps réel.
Si ce modèle perturbe les habitudes de livraison à domicile, il est fort probable que les distributeurs installés réagiront sans tarder. Carrefour va débuter prochainement la livraison à domicile, sur la même base qu’Amazon, au départ de ses magasins de proximité. Il utilisera la société de transport collaboratif Stuart, société dont La Poste est actionnaire.
Le modèle sera très probablement plus pertinent sur le plan environnemental que celui d’Amazon, en utilisant notamment des chariots isothermes de livraison à pied. Pourquoi effectuer 200 ou 300 mètres avec un camion alors que ce même parcours peut être effectué sur le trottoir avec un chariot adapté ?
Amazon nous avait habitué à transformer les modèles logistiques. Une fois de plus, il transforme les modèles en imposant le délai d’une heure ou de deux heures et en imposant le suivi du livreur comme modèle de communication en temps réel.
Carrefour devra donc nécessairement utiliser ces nouveaux standards. Grâce à son réseau très dense de magasins, il pourra apporter des solutions de quartier, plus respectueuses de l’environnement et probablement moins chères.
L’enjeu de la livraison urbaine est évidemment majeur pour les années à venir alors que les villes sont saturées et la pollution bien souvent au-delà de seuils acceptables pour la santé.
Je pense qu’Amazon comme les autres acteurs historiques de la livraison urbaine ont du mal à arbitrer au niveau écologique de leurs solutions de livraison. Pour ma part, je pense qu’une action incitative et cohérente des agglomérations sera nécessaire pour structurer l’organisation des livraisons dans les périmètres urbains. En effet, on constate que depuis plusieurs années et malgré la saturation des réseaux routiers urbains (embouteillages, pollution, faiblesse de la productivité des tournées etc..), les transporteurs historiques ne sont pas parvenus à déployer concrètement des réponses pertinentes et à grande échelle à ces enjeux environnementaux. Amazon n’apporte pas aujourd’hui la solution mais en faisant bouger les lignes de la livraison urbaine il contribue certainement à favoriser l’expansion de start-up de transport pour relever le challenge du transport propre.
Merci Augustin pour cet apport tout à fait pertinent
Bonjour,
Quelle est votre source pour le deal Stuart – Carrefour ?
Merci
sur plusieurs supports BFM; LSA et d’autres